NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches


Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches
Manu Dibango à Paris, en 2005. | PHOTO: DELPHINE WARIN/DIVERGENCE
Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.
 
Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou simplement « Manu ». Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus. Les mots se voulaient rassurants (« Il se repose et récupère dans la sérénité »). Manu Dibango, saxophoniste et vétéran des musiciens africains en France, est mort, mardi 24 mars, a annoncé sa famille. Il avait 86 ans.
 
« Chers parents, chers amis, chers fans,
 
Une voix s’élève au lointain…
 
C’est avec une profonde tristesse que nous vous annonçons la disparition de Manu Dibango, notre Papy Groove, survenue le 24 mars 2020 à l’âge de 86 ans, des suites du Covid-19.
 
Les obsèques auront lieu dans la stricte intimité familiale, et un hommage lui sera rendu ultérieurement dès que possible. »
 
Il laisse derrière lui soixante années de carrière et d’engagements, sans pause ni éclipse, enchaînant plusieurs vies, les oreilles toujours en alerte, à l’écoute du son des époques qu’il traversait.
 
Saxophoniste au son charnu et rond, identifiable dès les premières mesures, il savait aussi être pianiste, vibraphoniste, joueur de marimba, pouvait jouer de la mandoline et, récemment, du balafon. Il était également chanteur, arrangeur et chef d’orchestre. Manu Dibango, compositeur de Soul Makossa (1972), le titre avec lequel il avait acquis une notoriété mondiale, résumait tout cela en une formule, lancée dans un de ces puissants éclats de rire qu’il semait à la volée : « Je me contente de faire de la musique. »
 
Son histoire commence sous le nom d’Emmanuel Dibango, né d’une mère couturière et d’un père fonctionnaire, le 12 décembre 1933, à Douala, le port où débarquèrent les premiers Européens au Cameroun. L’organiste du temple protestant où sa mère est chef de chœur lui met la musique à l’oreille et puis également un oncle, vaguement guitariste.
 
En 1949, il a 15 ans lorsque son père l’envoie en France, pour faire des études. Après vingt et un jours de traversée, il débarque à Marseille, avant de rejoindre sa famille d’accueil à Saint-Calais (Sarthe). Au milieu de ses bagages, il y a trois kilos de café qui paieront à ses hôtes son premier mois de pension. Manu Dibango aimait raconter cette anecdote qui lui inspirera le titre de sa première autobiographie, écrite en collaboration avec Danielle Rouard, Trois kilos de café, parue chez Lieu commun, en 1989 (une seconde paraîtra en 2013, chez L’Archipel, Balade en saxo, dans les coulisses de ma vie).
 
Après le collège à Saint-Calais, il fréquente le lycée de Chartres, où il apprend le piano avec un des enseignants. C’est pour lui l’âge des premières cigarettes et surtout sa découverte du jazz, grâce à un compatriote de quatre ans son aîné, rencontré en colonie de vacances, à Saint-Germain-en-Laye, Francis Bebey (1929-2001), lui aussi futur musicien auteur-compositeur camerounais notoire. Celui-ci lui fait aimer Duke Ellington. Ils créent ensemble un trio dans lequel Dibango tient mandoline et piano.
 
Installation à Léopoldville
Au début des années 1950, il découvre le saxophone alto, son futur identifiant. L’année de son bac, préparé (plus ou moins) à Reims, il file vers Paris pendant les vacances. Il y passe ses nuits à fréquenter caves et cabarets où frétille et se vit le jazz. Il ne pense pas encore faire de la musique un métier mais son échec au bac va ouvrir le chemin.
 
Quand son père lui coupe les vivres, en 1956, il part à Bruxelles. De retour à Paris, embauché au Tabou, un cabaret à la mode, il y drague un mannequin, Coco. Elle deviendra sa femme. Puis il retourne en Belgique avant de prendre la direction de l’orchestre d’une boîte bruxelloise, Les Anges noirs.
 
Un jour y passe Joseph Kabasele, dit « Grand Kallé » (1930-1983), l’un des ténors de la rumba congolaise. C’est le créateur d’Indépendance cha cha, l’hymne des indépendances africaines, le premier tube panafricain, que Kabasele compose à Bruxelles, en 1960, au moment de la table ronde réunissant les dirigeants politiques congolais et les autorités belges. Il embauche Manu Dibango comme saxophoniste dans son orchestre African Jazz, lui fait enregistrer avec lui et son groupe une quarantaine de morceaux dans un studio à Bruxelles, puis l’embarque en Afrique.
 
Manu Dibango s’installe avec sa femme à Léopoldville (future Kinshasa) où il ouvre son propre club, le Tam-Tam. En 1962, il commence sa carrière discographique sous son nom, grave une série de 45-tours à Léopoldville ou Bruxelles, dont le fameux Twist à Léo (Léo pour Léopoldville), un de ses premiers succès.
 
 
 
Après une courte période de retour au Cameroun où il ouvre un second Tam-Tam, il retourne s’installer en France, y collabore avec Dick Rivers, Nino Ferrer, dont il devient le chef d’orchestre, Mike Brant… tout en continuant à enregistrer plusieurs 45-tours. Après un premier album, Saxy Party, constitué de reprises et de compositions personnelles, arrive 1972, année charnière et départ d’une nouvelle vie pour lui.
 
Triomphe à l’Olympia
Outre la parution d’African Voodoo (réédité en vinyle en 2019, sur le label Hot Casa Records), réunissant des enregistrements à l’origine destinés à servir de musiques d’illustration pour la publicité, la télévision et le cinéma, pour lequel il composera par ailleurs plusieurs BO au fil de sa carrière, 1972 est surtout l’année où il grave Soul Makossa. Un titre qu’il pensait au départ anecdotique, la face B d’un 45-tours de l’hymne qu’il avait composé pour soutenir l’équipe nationale du Cameroun, où se déroulait la 8e Coupe d’Afrique des nations de football.
 
Soul Makossa, inclus dans l’album O Boso, se vendra à des millions d’exemplaires à travers le monde. Il sera « emprunté », sans son accord, par Michael Jackson pour Wanna Be Startin’Somethin’sur l’album Thriller, en 1982, puis par Rihanna dans Don’t Stop the Music en 2007, ou encore Jennifer Lopez sur un clip, en 2012, du titre Feelin’So Good.
 
En 1973, Soul Makossa permet à Manu Dibango de triompher à l’Olympia, lui ouvre les pistes de danse africaines et les ondes aux Etats-Unis. Un DJ new-yorkais venu faire son marché à Paris dans les boutiques de disques africains avait craqué sur ce morceau d’une efficacité redoutable pour faire danser.
 
Manu Dibango se voit invité dans la foulée au prestigieux Apollo Theater, à Harlem, puis par le Fania All Stars, qui réunit le gotha de la salsa en pleine ébullition à New York. « A l’époque, racontera plus tard Manu Dibango, chacun revendiquait les racines africaines dans le Black et le Spanish Harlem. Les Fania All Stars m’ont demandé de tourner avec eux. J’étais le seul Africain de la bande, j’apparaissais donc un peu comme un symbole. »
 
Avec le Fania, Dibango se produit au Madison Square Garden, au Yankee Stadium, tourne en Amérique latine. Après cette aventure, il jette l’ancre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pendant quatre ans. Il y dirige l’Orchestre de la Radio-télévision ivoirienne. Viendront ensuite l’envie de toucher au reggae, à la musique cubaine, de se mélanger aux sons urbains dans l’air du temps (hip-hop, électro), sans jamais oublier le jazz, son fil rouge tout au long de ses déambulations musicales.
 
Nommé artiste de l’Unesco pour la paix en 2004, Dibango a souvent mis sa notoriété au service de combats qu’il jugeait importants : la faim dans le monde (Tam-Tam pour l’Ethiopie), la libération de Nelson Mandela, la liberté d’expression ou le réchauffement climatique. Son métier de musicien le mettait toujours autant en joie, déclarait, quelques semaines avant sa mort, Manu Dibango, tout occupé à préparer un nouveau projet, autour du balafon. « Je suis passionné et curieux », résumait-il, pour dire que raccrocher, ce n’était certainement pas à l’ordre du jour pour lui.

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Mali: en descendant le fleuve Niger, vers les sources de la violence

Mali: en descendant le fleuve Niger, vers les sources de la violence
Ven 28 Déc 2018 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Au Mali, rejoindre Tombouctou en bateau permet d'éviter les mauvaises rencontres d'un trajet par la route. Mais les riverains du fleuve Niger, exposés eux aussi à la menace des bandits ou des jihadistes, dénoncent des conditions de vie précaires.   A... Lire la suite >

A la veille des élections en RDC, l’inquiétant calme à Kinshasa

A la veille des élections en RDC, l’inquiétant calme à Kinshasa
Mer 26 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Dans la capitale congolaise, où la campagne a été suspendue, comme dans tout le pays, les habitants attendent et redoutent les scrutins prévus dimanche.   Il est un peu moins de 10 heures et l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo, s’avance... Lire la suite >

L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla au Tchad

L’Elysée embarrassé par les voyages d’affaires d’Alexandre Benalla au Tchad
Mer 26 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Politique

Le chef de l’Etat a dit au président tchadien Idriss Déby que « cette personne n’était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel » de la France.   « Vous voyez, je suis venu ! » A peine arrivé à l’aéroport... Lire la suite >

Mort de Thomas Sankara : les premières archives françaises transmises au Burkina

Mort de Thomas Sankara : les premières archives françaises transmises au Burkina
Sam 22 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Des fonctionnaires français, des journalistes et de simples citoyens sont cités dans le dossier tout juste déclassifié de la mort en 1987 du président burkinabé.   Depuis près d’un mois, les dossiers s’accumulent sur le bureau... Lire la suite >

Mali: l'Etat doit agir vite pour exploiter la mort de Koufa

Mali: l'Etat doit agir vite pour exploiter la mort de Koufa
Sam 22 Déc 2018 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

La mort annoncée du prédicateur Amadou Koufa affaiblit la coalition jihadiste liée à Al-Qaïda dans le Sahel, mais l'Etat malien doit agir de manière décisive s'il veut exploiter cette opportunité d'enrayer le cycle de violences dans... Lire la suite >

Les sulfureuses relations des pétroliers Total et Eni au Congo

Les sulfureuses relations des pétroliers Total et Eni au Congo
Jeu 20 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

L’ONG Global Witness révèle les liens entre les deux compagnies et des intermédiaires portugais et camerounais soupçonnés de corruption et de conflit d’intérêts.     Entre la République du Congo, les compagnies... Lire la suite >

Face à la crise en Centrafrique, l’ONU est dans le déni

Face à la crise en Centrafrique, l’ONU est dans le déni
Jeu 20 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Au regard de la complexité de la situation, le système onusien persiste dans des éléments de langage et doit faire face à un ressentiment croissant.   Commençons par quelques éléments de contexte : la République centrafricaine... Lire la suite >

« L’Afrique doit prendre sa part de responsabilité dans la lutte contre le changement climatique »

« L’Afrique doit prendre sa part de responsabilité dans la lutte contre le changement climatique »
Lun 17 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

LE GRAND ENTRETIEN. Pour l’expert du GIEC Arona Diedhiou, le continent n’est pas seulement victime de la hausse mondiale des émissions de gaz à effet de serre, mais y contribue.     Arona Diedhiou a participé en tant qu’auteur principal... Lire la suite >

Un ancien ministre béninois arrêté en Espagne

Un ancien ministre béninois arrêté en Espagne
Lun 17 Déc 2018 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Komi Koutché, ancien ministre d'Etat du Bénin en charge des finances sous le président Boni Yayi, a été interpellé vendredi soir par la police espagnole, a-t-on appris dimanche auprès de ses proches.   "Il a été ... Lire la suite >

Au Togo, une campagne électorale à nouveau sous tension

Au Togo, une campagne électorale à nouveau sous tension
Ven 14 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

En toile de fond des législatives du 20 décembre boycottées par l’opposition, apparaît la présidentielle de 2020 et la question de la possibilité du chef de l’Etat de se représenter.   Au Togo, depuis plus de cinquante ans se... Lire la suite >

Coopération avec l'Afrique : l'administration Trump serre la vis

Coopération avec l'Afrique : l'administration Trump serre la vis
Ven 14 Déc 2018 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Economie

Dans leur logique de contenir tous les multilatéralismes, les États-Unis viennent, par la voix de John Bolton, d'exprimer leur volonté d'opérer des coupes dans leur participation aux missions de paix de l'ONU mais aussi aux différentes aides dont bénéficiait... Lire la suite >

De Reims à Conakry, le retour forcé et les rêves avortés de Mouminy

De Reims à Conakry, le retour forcé et les rêves avortés de Mouminy
Mar 11 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

Alors qu’un pacte migratoire vient d’être adopté à Marrakech, ce jeune homme, arrivé en France à 16 ans, a été expulsé en Guinée et contraint d’interrompre ses études.   Du paysage qui défile... Lire la suite >

Ghana : ce projet de cathédrale qui met à mal la laïcité

Ghana : ce projet de cathédrale qui met à mal la laïcité
Mar 11 Déc 2018 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

L'annonce de la construction d'une cathédrale nationale avait été faite en 2017 lors du 60e anniversaire de l'indépendance. Un an après, l'imbrication entre pouvoir et religion suscite la polémique.   La symbolique est forte. ... Lire la suite >

Sénégal : un second tour à prévoir pour la présidentielle ?

Sénégal : un second tour à prévoir pour la présidentielle ?
Jeu 06 Déc 2018 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Politique

Sur la base d'un sondage de l'institut Stat Info publié lundi 3 décembre, tout n'est pas encore gagné pour un K.-O. en faveur de Macky Sall, qui fait pourtant la course en tête.   Après avoir investi son candidat en grande pompe, samedi 1er... Lire la suite >

Les « gilets jaunes » vus d’Afrique : entre humour, craintes et espoirs

Les « gilets jaunes » vus d’Afrique : entre humour, craintes et espoirs
Jeu 06 Déc 2018 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Sur un continent habitué aux mouvements de colère comme aux ingérences françaises, les internautes observent les événements avec une pointe de dérision.   Dakar, Bamako, Tunis ou Abidjan… Les images de la France insurgée ... Lire la suite >

Tchad - Idriss Déby en Israël : les vraies raisons d'un voyage inattendu

Tchad - Idriss Déby en Israël : les vraies raisons d'un voyage inattendu
Mar 04 Déc 2018 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Qu'est-ce qui a bien pu conduire le président tchadien à effectuer sa visite en Israël alors que son pays soutient la cause palestinienne ? Éléments de réponse.   Le voyage du président tchadien en Israël, qualifié... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS