NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Renversant Nigeria !


Renversant Nigeria !
Le duel Buhari-Abubakar a tourné à l'avantage du président sortant. | PHOTO: PIUS UTOMI EKPEI / AFP
ANALYSE. Beaucoup d'indicateurs laissaient penser que rester à la barre du Nigeria serait mission impossible pour Buhari lors du dernier scrutin présidentiel. Il n'en a rien été.
 
Étonnant Nigeria. Le moins que l'on puisse dire est que le résultat de l'élection présidentielle, qui a reconduit Muhammadu Buhari à la tête de l'État, en a surpris plus d'un. Sur les quatre années de son premier mandat, le président nigérian en a passé une bonne partie affaibli et souffrant, en soins à l'étranger et dans l'incapacité de gérer son immense pays, la première économie du continent africain. Pour ses compatriotes traumatisés par une possible répétition du cas de son avant-dernier prédécesseur Mohamed Yar-Adua, décédé en cours de mandat des suites d'une longue maladie restée mystérieuse, deux ans à peine après son entrée en fonction et au prix de longues absences qui ont paralysé le pays, voter Buhari aurait dû s'assimiler à opter pour un timonier incertain.
 
Buhari : les apparences d'un mauvais départ
 
De plus, la critique de sa frugalité appliquée à la vie économique était particulièrement répandue dans les milieux d'affaires, qui se lamentaient avec une formule maintes fois entendue : « l'argent ne circule plus ». En 2015, face à Goodluck Jonathan qui briguait un second mandat, The Economist, journal d'opinion et chantre du libéralisme anglo-saxon, avait pourtant appelé à voter pour Muhammadu Buhari, présenté comme fiable au moins pour une « cause majeure » : la lutte contre la corruption endémique au Nigeria. À l'approche du scrutin de février, la tonalité n'était plus la même dans les gazettes britanniques qui relayaient amplement les frustrations des opérateurs économiques soumis à la diète par une politique de la bourse serrée et portant tous leurs espoirs sur une alternance avec Atiku Abubakar, principal challenger de Buhari et considéré par certains comme un millionnaire sulfureux.
 
Enfin, la campagne électorale a vu se constituer des alliances aussi improbables que spectaculaires contre le régime en place. C'est ainsi que l'on a pu assister à la réconciliation très médiatique de l'influent Olusegun Obasanjo avec son ennemi juré Atiku Abubakar. L'ex-président, général en retraite, est considéré comme le père de la démocratie nigériane pour avoir accepté de remettre le pouvoir aux civils par les urnes en 1979, après une succession de régimes militaires. Vingt ans plus tard, il sera lui-même élu président et fera deux mandats. Dans son autobiographie à succès, My Watch, parue en 2014, Obasanjo n'avait pas eu de mots assez durs pour brocarder son ancien vice-président Atiku Abubakar, fustigeant « sa propension à la corruption, son penchant pour la déloyauté, son incapacité à dire la vérité et à s'y conformer, sa crédulité envers les marabouts, la faiblesse de son jugement, sa confiance absolue dans les vertus de l'argent pour acheter ce qu'il veut obtenir dans tous les domaines, son empressement à sacrifier la morale, l'intégrité, le sens de la vérité et de l'intérêt national à des fins purement égoïstes » ! Un vertigineux réquisitoire qu'il soutenait encore en septembre dernier, enfonçant même le clou par une sentence que la presse nigériane a beaucoup repris : « Je ne lui pardonnerai jamais ! Et s'il m'arrivait de le faire, c'est Dieu lui-même qui ne me le pardonnerait pas. » C'est donc un public estomaqué qui a assisté, quelques semaines avant la présidentielle, à une scène surréaliste devant le petit écran : les pompeuses retrouvailles entre les deux ennemis, suivies d'un engagement très actif d'Obasanjo dans la campagne d'Atiku. Le revirement d'un tel leader du Sud contre le président Buhari, notable nordiste qu'il avait contribué à faire élire en 2015, ne pouvait nullement apparaître de bon augure pour ce dernier.
 
Grosse surprise avec la vérité des urnes
 
Pourtant, au sortir des urnes, les chiffres ont raconté une tout autre histoire. Par une avance de quatre millions de voix en sa faveur, le président sortant a été réélu. Cinquante-six pour cent contre 34 % à Atiku. Pourquoi donc encore Buhari en 2019 ? Malgré les contestations des perdants pour fraude présumée, cette victoire pourrait avoir d'autres explications.
 
L'atout le plus visible pour Buhari est d'abord démographique. Le nord du pays, notoirement plus peuplé que sa moitié sud, a globalement fait bloc pour un de ses ressortissants. On ne peut pas remporter l'élection présidentielle sans gagner à Lagos, capitale économique, ou à Kano, la « capitale » du nord, la ville la plus peuplée du pays, dit l'adage. Originaire de Katsina, État fédéral voisin de celui de Kano, le président sortant savait pouvoir compter sur un bassin électoral représentant d'emblée 40 % du total. La motivation régionaliste pouvait également se nourrir des résultats de la lutte contre Boko Haram. Sévissant essentiellement dans les États du Nord, le groupe terroriste n'a pas manqué de se faire sentir pendant la campagne, mais a beaucoup perdu de sa superbe grâce à une plus grande implication du régime Buhari. Son prédécesseur, Goodluck Jonathan, chrétien natif du sud-est, était accusé de pratiquer un laxisme opportuniste à l'encontre d'un électorat perdu d'avance.
 
Le recentrage agricole et l'atout protectionniste
 
Dans une perspective africaine, d'autres considérations apparaissent néanmoins plus substantielles. On peut penser que les électeurs de Buhari ont aussi validé une vision plus autocentrée de l'économie nationale, restreignant les importations au profit d'une industrie locale naissante, mais malmenée par les différents régimes. Pour ses partisans, Buhari a bien raison de favoriser la production locale d'engrais longtemps abandonnée par des autorités qui préféraient encaisser des commissions sur des imports de mauvaise qualité. L'attention accordée de nouveau à l'agriculture et l'agro-industrie – qui se souvient encore que le Nigeria fabriquait des pneus pour Dunlop et Michelin sur de vastes champs d'hévéa ? – est appréciée, sauf par les importateurs contrariés de lits en bois et de cure-dents, dans un pays producteur de bois. Quant au secteur pétrolier, outre d'être au cœur des réseaux de corruption et incapable de couvrir la consommation locale en carburant, il a été repris en main par un gouvernement qui fait grincer bien des dents par sa sévérité, tout en suscitant beaucoup d'espoir au sein de la population. C'est un son de cloche différent qui émane néanmoins de certaines chancelleries occidentales avec lesquelles les incidents ont fleuri. Aux accusations de protectionnisme « anti-business », l'équipe de Buhari a répondu par une question dans la presse : « Nos amis étrangers ne comprennent pas les enjeux pour notre pays – ou souhaitent-ils simplement notre échec ? »
 
Corruption : ce dossier explosif
 
Quant à la fameuse lutte contre la corruption, « marqueur » du régime, claironné à tout bout de champ, elle a certainement pesé dans un pays qui en est venu à symboliser les pires dérives de la gabegie. Pour les Nigérians, le match se jouait entre un « millionnaire véreux » et un homme austère, sans doute trop, mais finalement plus rassurant, réputé ne pas accorder ni réclamer de passe-droit. Le retournement contre lui d'Olusegun Obasanjo en serait une conséquence, indiquent plusieurs journaux, qui ne manquent pas de relever, non plus, la clémence, voire les avantages dont bénéficient certains proches du président, tandis que la rigueur de la loi s'abat sans faiblir sur ses adversaires politiques. Malgré les écueils, le principal facteur de soutien à Buhari semble donc être sa volonté affichée de reconquérir des pans de souveraineté économique, tant en interne qu'à l'extérieur. Son opposition décisive au projet de Zone de libre-échange continentale (ZLEC), lancé en grande pompe par l'Union africaine l'an dernier, a été salué par les milieux d'affaires locaux comme une saine mesure de protection du marché africain en général et nigérian en particulier.
 
Les défis de demain
 
Il reste à tenir le cap et à tirer les leçons des quatre dernières années. Sous le premier mandat de Buhari, qui avait eu la mauvaise idée d'introduire le contrôle de change (avant de le supprimer en 2016), la monnaie nigériane, le naira, s'était dévaluée de moitié face au dollar et la Bourse locale avait chuté au plus bas, tandis que les investisseurs fuyaient le pays. Le second mandat a été accueilli par des signes plus positifs des marchés obligataires. La lenteur des réformes a valu au président Buhari le surnom de « Baba-go-slow » – le papa qui lambine. Son premier défi consistera donc à accélérer la cadence des mesures propres à renforcer la confiance dans ce qui reste la première économie du continent. Au-delà des postures et de l'affichage.
 
 
 
 

 Commentaires

LIRE AUSSI...

En Libye, les corps de 62 migrants repêchés après le « pire » naufrage de l’année

En Libye, les corps de 62 migrants repêchés après le « pire » naufrage de l’année
Lun 29 Juil 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Le nombre de migrants présents à bord de l’embarcation ayant coulé dans la nuit de mercredi à jeudi demeure incertain, les chiffres fluctuant selon les sources.   Les corps de 62 migrants ont été repêchés vendredi 25 juillet... Lire la suite >

Ebola en RDC : le ministre de la santé démissionnaire révèle « les tentatives d’introduction illégale d’un vaccin expérimental »

Ebola en RDC : le ministre de la santé démissionnaire révèle « les tentatives d’introduction illégale d’un vaccin expérimental »
Lun 29 Juil 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Dans la lettre de départ qu’il a adressée au chef de l’Etat congolais, Oly Ilunga dénonce les « pressions de toutes parts » qu’il a subies.   Il puise dans le champ lexical militaire pour décrire la délicate lutte en cours... Lire la suite >

Dans un Cameroun en proie aux crises, les prisons s'échauffent

Dans un Cameroun en proie aux crises, les prisons s'échauffent
Jeu 25 Juil 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Des prisonniers qui dorment à même le sol, des rations alimentaires insuffisantes, des conditions d'hygiène déplorables: dans les prisons camerounaises, l'augmentation du nombre de détenus politiques et de séparatistes anglophones détériore... Lire la suite >

Mali : comment l'insécurité affecte le « grenier à riz » du pays

Mali : comment l'insécurité affecte le « grenier à riz » du pays
Mer 24 Juil 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

L'Office du Niger, très prisé par les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs, est le plus grand aménagement hydro-agricole d'Afrique de l'Ouest. Il subit de plein fouet les conséquences des dégradations opérées par les ... Lire la suite >

Cameroun : comment la Suisse a poussé le président Paul Biya vers la sortie

Cameroun : comment la Suisse a poussé le président Paul Biya vers la sortie
Mer 10 Juil 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

Las des manifestations et incidents à répétition provoqués par la présence du président camerounais à Genève, la Confédération l'a encouragé à quitter le pays.   Paul Biya et son épouse Chantal... Lire la suite >

La Zlec est-elle vraiment une chance pour l’Afrique?

La Zlec est-elle vraiment une chance pour l’Afrique?
Mer 10 Juil 2019 | Source : RFI Afrique ... | dans Autres Actus

Une cinquantaine de chefs d’État et de gouvernement se réunissent ce 7 juillet à Niamey, au Niger, pour célébrer solennellement l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continental en Afrique (Zlec) qualifiée par le chef de... Lire la suite >

Un roi ivoirien vole au secours de la cathédrale Notre-Dame

Un roi ivoirien vole au secours de la cathédrale Notre-Dame
Mer 12 Juin 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

C'est fait!": Amon N'Douffou V, roi du Sanwi, dans le sud-est de la Côte d'Ivoire, a apporté sa contribution à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, récemment ravagée par un incendie. Louis Aniaba, un prince de ce royaume,... Lire la suite >

Massacre au Mali : la déflagration guette

Massacre au Mali : la déflagration guette
Mer 12 Juin 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

REVUE DE PRESSE. Après une énième attaque meurtrière dans le centre, la presse africaine exhorte l'État malien à réagir avant qu'une guerre civile ne se déclare.   Le Mali pleure une nouvelle fois ses morts. Six mois après... Lire la suite >

Soudan : Hemetti, ce général criminel qui pourrait tordre le cou à la révolution

Soudan : Hemetti, ce général criminel qui pourrait tordre le cou à la révolution
Ven 07 Juin 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

REPORTAGE. Commandant des Forces de soutien rapide, une ex-milice accusée de massacres au Darfour, Hemetti a assuré soutenir les révolutionnaires. Beaucoup en doutaient. Les derniers événements leur ont donné raison.   Selon un comité ... Lire la suite >

Sénégal : après la diffusion de l'enquête de la BBC sur son frère, le président Macky Sall accuse

Sénégal : après la diffusion de l'enquête de la BBC sur son frère, le président Macky Sall accuse
Ven 07 Juin 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

Pour faire contre-feu aux réactions virulentes après les soupçons de corruption d'Alioune Sall dans le dossier des hydrocarbures, le président sénégalais a pointé du doigt un « reportage manifestement tendancieux ».   Une... Lire la suite >

Soudan: face

Soudan: face
Mer 22 Mai 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Drapeaux soudanais brandis, "V" de la victoire et cris de ralliement: les manifestants rassemblés devant le QG de l'armée à Khartoum restent déterminés à obtenir un transfert du pouvoir au civil, malgré l'impasse dans les négociations... Lire la suite >

« Le parc de la Pendjari était sa vie » : portrait de Fiacre Gbédji, guide des deux touristes enlevés au Bénin

« Le parc de la Pendjari était sa vie » : portrait de Fiacre Gbédji, guide des deux touristes enlevés au Bénin
Mer 22 Mai 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

En poste au Bénin pour l’Union européenne, Rafal Lapkowski a croisé la route de Fiacre Gbédji, tué par les ravisseurs des otages libérés le 10 mai. Portrait.   Nous sommes venus nous installer au Bénin en 2014. Un pays d’Afrique... Lire la suite >

Français disparus au Bénin : quelle est la situation sécuritaire dans la région ?

Français disparus au Bénin : quelle est la situation sécuritaire dans la région ?
Mer 08 Mai 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Jusqu'à présent, en Afrique de l'Ouest, les zones peu sûres se trouvaient près des trois frontières du Burkina Faso, du Niger et du Mali. La situation s'est dégradée depuis quelques mois dans toute la région. Explication.   Les... Lire la suite >

« En Libye comme au Mali, la France joue un double jeu »

« En Libye comme au Mali, la France joue un double jeu »
Mer 08 Mai 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

A Tripoli et Bamako, Paris soutient les autorités légitimes tout en apportant son aide à des forces rivales jugées plus à même de lutter contre le terrorisme, observe notre chroniqueur.   Chronique. Confrontée depuis un mois à une... Lire la suite >

Crise au Cameroun anglophone: HRW dénonce un recours

Crise au Cameroun anglophone: HRW dénonce un recours
Mar 07 Mai 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

L'organisation de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) a dénoncé dans un rapport publié lundi "un recours régulier à la torture et à la détention au secret" des autorités camerounaises contre des séparatistes... Lire la suite >

Au Bénin, la disparition de deux Français fait craindre une contagion de l’insécurité burkinabée

Au Bénin, la disparition de deux Français fait craindre une contagion de l’insécurité burkinabée
Mar 07 Mai 2019 | dans Autres Actus

Le corps du guide des touristes a été retrouvé dans le parc de la Pendjari, à la frontière avec le Burkina Faso, pays en proie à une multiplication des attaques terroristes.   Deux touristes français sont portés disparus depuis ... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS