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« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »


« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »
Titinga Frédéric Pacéré devant sa maison de Ouagadougou, le 21 janvier 2020. | PHOTO: Sophie Douce pour "Le Monde"
Titinga Frédéric Pacéré est l’un des premiers signataires de « l’Appel de Manega » pour « la paix et la réconciliation » d’un pays durement frappé par les violences djihadistes.
 
 
Un dicton orne le portail de la maison de Titinga Frédéric Pacéré : « Si la termitière vit, qu’elle ajoute de la terre à la terre. » « Au Burkina, la termitière est le symbole de la société, je crois que chaque citoyen doit participer à la construction de sa nation », explique ce sage de 76 ans, vêtu d’un long boubou coloré et coiffé du chapeau rouge des chefs coutumiers. Une devise qui a inspiré toute la vie de celui que l’on considère comme l’un des premiers intellectuels de la Haute-Volta. Son curriculum vitæ est impressionnant : premier avocat du pays et premier bâtonnier de l’Ordre, ancien expert indépendant des Nations unies pour la République démocratique du Congo (RDC), écrivain, poète, fondateur du Musée des arts de Manega, son village, membre du Comité international 17 Octobre Refuser la misère.
 
Titinga Frédéric Pacéré a fait de sa vie un engagement. Préoccupé par la multiplication des violences dans son pays – la dernière attaque en date, lundi 20 janvier, a fait 36 morts civils dans des villages du nord –, il a décidé avec cent autres personnalités burkinabées de lancer « l’Appel de Manega » pour « lutter pour la paix et la réconciliation au Burkina Faso ».
 
Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer cet « Appel de Manega » ?
Titinga Frédéric Pacéré La situation est extrêmement grave. En mille ans d’existence, le Burkina Faso, composé d’une soixantaine d’ethnies, n’a jamais connu de conflits intercommunautaires, religieux ou régionaux, nous avions toujours vécu dans la fraternité. Et, depuis cinq ans, voilà qu’on se déchire. Des forces obscures sont venues nous diviser et nous opposer. Certains, comme les Peuls ou les musulmans, se retrouvent stigmatisés. Ces terroristes sont arrivés avec des armes pour nous dire que notre Dieu n’existe pas et tenter de nous inculquer leur « religion ».
 
Il devenait urgent que nous, intellectuels, nous fassions enfin entendre notre voix. C’est pourquoi, le 15 juin 2019, nous avons lancé « l’Appel de Manega », de mon village, qui est un lieu symbolique de l’identité culturelle burkinabée et de sa diversité ethnique. Cent personnalités – ce chiffre a été choisi en hommage au centième anniversaire de la création de l’ancienne Haute-Volta en 1919 –, ont décidé de se rassembler pour réfléchir ensemble à des solutions permettant de restaurer la paix et la cohésion sociale au Burkina Faso.
 
Nous avons ensuite constitué un conseil de onze sages, des hommes et femmes d’expérience venant de divers horizons : des chefs coutumiers et religieux, d’anciens haut gradés militaires ou encore d’anciennes personnalités politiques. Notre appel, apolitique, compte déjà plus de 300 signataires et nous dévoilerons notre feuille de route prochainement.
 
Comment expliquez-vous que le pays ait basculé dans de telles violences ?
La société traditionnelle est complètement démunie et n’a pas les moyens de contrecarrer ces djihadistes. La faute d’abord à la colonisation, qui a déstabilisé l’organisation de la chefferie coutumière et relégué les naba, les chefs coutumiers, au rôle d’auxiliaire de l’administration. Puis Maurice Yaméogo, le premier président de République de Haute-Volta, a supprimé une loi qui organisait les chefferies des cinq royaumes du pays, en réaction à la tentative de coup d’Etat du Mogho Naba Kougri [ancien roi de Ouagadougou] en 1958.
 
Ensuite, il y a eu la révolution de 1983, dirigée par Thomas Sankara, où l’on a supprimé le reste du texte législatif sur la chefferie coutumière, au motif qu’elle incarnait le passéisme et la bourgeoisie. Depuis, même si les chefs traditionnels gardent un rôle très symbolique, ils n’ont plus aucun pouvoir légal.
 
Conséquence : nos valeurs ancestrales, telles que le respect de la famille et du chef, la fraternité et la tolérance, se sont érodées. Malheureusement, on observe que certains jeunes sont perdus, ils ont oublié leur culture et leur histoire. On les envoie à l’école moderne, mais sans leur enseigner ce précieux héritage. Les groupes terroristes profitent de la misère, du chômage, de la faim et de cette perte de repères pour recruter ces enfants.
 
Quel rôle peut jouer la chefferie traditionnelle ?
A l’époque, le Mogho Naba, le roi du royaume de Ouagadougou, s’appuyait sur ses fils et les naba pour mailler l’ensemble du territoire. Il avait placé des chefs de guerre autour de la capitale Ouagadougou pour la protéger des invasions. Dans le même ordre d’idée, dans les villages visés par les attaques, les chefs coutumiers pourraient organiser des patrouilles avec l’aide des habitants et ainsi renseigner les forces de défense et de sécurité. Dans la coutume, aucun « étranger » ne peut entrer et séjourner dans une localité sans que le chef n’en soit avisé.
 
Il joue également le rôle de médiateur dans les conflits et veille au respect de certaines règles ancestrales. Par exemple, il est interdit de s’entre-tuer ou d’utiliser un fusil contre un homme. De même que l’assassinat d’un chef coutumier impose une amnistie de soixante-douze heures, pour le respect de l’enterrement. La guerre était « humaine », il y avait la pitié et la morale, alors que dans cette guerre « moderne », les moyens sont ignobles. On tue des femmes et des enfants, on pose des mines artisanales, ce n’est pas cela l’homme, ce n’est pas cela la fraternité.
 
Rappelons-nous d’où nous venons et qui nous sommes. La chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale. Pour cela, il faut lui redonner un cadre légal, en précisant dans la nouvelle Constitution [qui a été promise par le président Kaboré et doit être votée par référendum] qu’elle est gardienne des valeurs de traditions et peut contribuer à la paix.
 
Comment peut-elle régler les conflits entre communautés ? Le 1er janvier 2019, à Yirgou, l’assassinat d’un chef coutumier mossi et de ses proches avait conduit à des représailles meurtrières contre la communauté peule…
 
La justice moderne doit s’imposer, puisque c’est la seule officielle. Seulement, on y crée deux ennemis, souvent inconciliables, en donnant raison à l’un et tort à l’autre. La justice dite « traditionnelle » peut être un outil important pour la résolution de certains conflits. On rassemble les deux parties, on se parle et on essaie de trouver un consensus. Dans mon village à Manega, les habitants préfèrent d’ailleurs venir me voir, pour que je mène une médiation, plutôt que de recourir à la justice moderne. La prison n’existe pas dans nos coutumes. Chez nous, la société prime sur l’individu. Elle n’accepte pas que l’on détache un de ses membres pour l’enfermer dans une geôle. Même lorsqu’il y a eu un crime, les familles se rencontrent et tentent de trouver un arrangement.
 
Il ne faut pas oublier non plus le recours à la « parenté à plaisanterie », un outil ancestral de cohésion sociale et de règlement des litiges. Je me souviens, lorsque j’étais avocat, avoir travaillé sur un dossier de rixe entre deux ethnies. Il y avait eu des morts. Au procès, les accusés ont dû se présenter et donner leur nom traditionnel. Les deux chefs se sont alors rendu compte qu’ils étaient « parents à plaisanterie », ils ne pouvaient donc pas s’affronter. Ils ont dit au juge : « Garde tes papiers, on va régler cela ensemble. » Ils se sont salués et ont quitté la salle. Le conflit était réglé.
 
 
 
 

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