NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Essy Amara: «Le président de la Commission de l'UA, un lutteur aux poings liés»


Essy Amara: «Le président de la Commission de l'UA, un lutteur aux poings liés»
Essy Amara, ancien président par intérim de la Commission de l'UA (juillet 2002-septembre 2003) | PHOTO: AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO
Ancien diplomate et homme politique ivoirien, Essy Amara a été secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine et premier président de la Commission de l'Union africaine entre 2002 et 2003. A 73 ans, l’homme fait partie des aînés dont on sollicite à chaque crise les conseils et l’arbitrage pour aider les pays concernés à sortir des situations de conflit. Il continue de suivre de près l’évolution de l’organisation panafricaine dont il a marqué en tant que premier chef de la Commission le devenir par sa gestion non-partisane et éclairée des affaires du continent. Entretien.
 
RFI: Ce nouveau sommet de l’Union africaine est un rendez-vous important avec plusieurs sujets politiques et sociaux majeurs à l’ordre du jour, dont la désignation par les chefs de l’Etat présents d’un nouveau président de la Commission. Quels sont pour vous les véritables enjeux de ce 28e sommet de l’Union africaine ?
 
Essy Amara: Si à Addis-Abeba, tous se préoccupent - à juste titre d’ailleurs - de l’identité du futur président de la Commission ou du retour ou non du Maroc au sein de l’UA, les autres thèmes débattus en marge de la rencontre préparatrice du sommet des chefs d’Etat et de gouvernement, n’en sont pas moins essentiels pour l’avenir de notre continent. Ces thématiques sont : le dividende démographique, la création d’un marché unique, l’élimination des inégalités liées au genre. Prenons par exemple la question du dividende démographique. En réalité, pour l’Afrique il n’y aura pas de dividende démographique parce que nos jeunes vont arriver à l’âge d'adulte actif sans la moindre formation, miséreux, ne rêvant que de quitter leur pays en mettant en danger leur vie. Avec une population qui est en train de croître plus vite que les infrastructures, c’est à une explosion démographique que nous assistons. Ce qui me fait particulièrement peur, c’est de voir les fanatismes religieux prospérer, se nourrissant du désarroi des jeunes gens affamés, frustrés et incultes. A ces hommes et femmes désoeuvrés parce qu’il n’y a pas assez de travail pour tous, le premier quidam peut venir vendre facilement le paradis et l’enfer. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’il existe un lien structurel entre le terrorisme et la démographie galopante dans nos pays.
 
Ces problématiques étaient déjà d’actualité au moment où vous étiez aux affaires. Pourquoi elles n’ont pas été gérées en amont ? N’est-ce pas cela le grand échec de l’élite africaine ?
 
Ce serait trop simpliste de dire que c’est l’échec de l’élite africaine. Le chômage est devenu un problème planétaire en raison de la montée du libéralisme sauvage qui fait peu de cas des hommes et de leurs souffrances. C’est la même rengaine un peu partout. En France, on parle d’inverser la courbe du chômage, alors qu’aux Etats-Unis, un nouveau président a pris les rênes du pays, après s’être fait élire sur la promesse de sauver des emplois en Amérique à tout prix. En Afrique, nous sommes sans doute plus démunis, avec les prix des matières premières imposés par les pays développés. En réalité, les Africains n’ont pas tous les paramètres de développement entre leurs mains. D’où l’importance de bien choisir le président de la Commission qui doit être, entre autres, notre négociateur en chef avec nos partenaires.
 
C’est précisément ce que les chefs d’Etat vont devoir faire dès le 30 janvier, l’actuelle présidente de la Commission ayant décidé de ne pas briguer un second mandat. Lequel des cinq candidats qui ont postulé pour ce poste prestigieux vous paraît le ou la plus crédible ?
 
Ce sont tous des candidats de très haut niveau. Aucun pays ne peut s’aventurer à présenter un candidat qui ne soit pas à la hauteur du poste mis en jeu. La présidence de la Commission constitue l'élément central dans l’organigramme de cette
 
Ouverture du 28e sommet de l'Union africaine par la présidente sortante de la Commission Nkosazana Dlamini-Zuma.
 
architecture complexe qu’est l’UA. Mais à mon avis c’est moins la qualité de la personne que les rapports de force entre les régions qui va départager les candidats. Voyez-vous, l’enjeu réel de ce scrutin n’est pas l’identité de celui qui sera l’élu, mais le pouvoir qu’il aura pour imposer ses hommes et ses décisions. Comme l’a dit mon ami Tidiane Gadio [ancien ministre des Affaires étrangères du Sénégal et président de l’Institut panafricain de stratégie (IPS) NDLR], le chef de la Commission demeure « un lutteur aux poings liés », entièrement à la disposition des chefs d’Etat qui lui donne les instructions. Il faut chercher l’origine de cette hiérarchie absurde dans l’architecture de l’Organisation de l’unité africaine, le prédécesseur de l’UA, dont les fondateurs ne voulaient pas que le secrétaire général soit un politique. De même, dans l’UA, la Commission a été conçue comme un secrétariat pour les affaires du continent sans véritable marge de manœuvre. Je me souviens [que] quand je dirigeais la Commission, je faisais régulièrement l’objet de pressions de la part de certains chefs d’Etat qui voulaient que j’embauche tel ou tel cadre qu’ils me recommandaient chaudement. Un autre souvenir cuisant, c’est celui de Kadhafi qui tenait à tout prix que ses propositions sur les Etats-Unis d’Afrique soient reprises telles quelles dans le texte final du sommet, bien qu’elles aient été rejetées par les autres chefs d’Etat.
 
Comme vous le savez, au dernier sommet de Kigali, les chefs d’Etat ont confié au président Kagamé une étude approfondie sur les réformes à engager pour moderniser le fonctionnement de l’UA. Croyez-vous que la réforme du statut du chef de la Commission entre dans son périmètre ?
 
On le verra bientôt puisqu’il doit présenter son rapport à l’assemblée des chefs d’Etat qui viendront clore le sommet d’Addis-Abeba. Je crains que son rapport ne soit centré que sur le mode de financement de l’UA qui est, certes, un sujet très important. L’UA ne peut pas fonctionner en toute indépendance si elle doit dépendre massivement des aides extérieures. C’était le cas jusqu’ici. La mise en place des outils de financements adéquats et propres au continent permettra peut-être enfin de réviser à la hausse les salaires des cadres qui font marcher cette organisation panafricaine. C’est un véritable problème car les cadres formés par l’UA quittent le navire dès qu’ils peuvent car ils ne sont pas suffisamment payés. Nos directeurs et sous-directeurs sont débauchés par les organisations multilatérales. A peu près 70% des cadres du département de Paix et Sécurité des Nations unies viennent de l’Union africaine. Jusqu’ici quand on parlait aux chefs d’Etat de l’urgence de plancher sur les salaires des diplomates qui encadrent les différents départements de l’UA, ils se montraient horrifiés à l’idée de devoir augmenter les rémunérations considérées comme excellentes selon les standards africains.
 
La réintégration du Maroc dans l’organisation panafricaine figure dans l’ordre du jour de la réunion des chefs d’Etat. Si le retour du Maroc semble acquis, la polémique sur les conditions de ce retour divise la communauté africaine. Qu’en pensez-vous ?
 
En 1962, le Maroc a fait partie des pays fondateurs de l’OUA. Il a fait le choix de quitter l’organisation, de son propre gré, en 1984. Il veut aujourd’hui reprendre sa place. C’est une situation inédite dans l’histoire de l’UA, mais la réponse tombe sous le sens. L’UA est une organisation panafricaine et le retour du Maroc va dans le sens du renforcement de ce panafricanisme dans les faits. Qui plus est, ce retour sera bénéfique financièrement pour la communauté car le Maroc est devenu une grande puissance qui investit partout en Afrique. Il est le premier investisseur dans mon pays, la Côte d’Ivoire, et il en est de même dans beaucoup d’autres pays africains. Mais l’Union africaine n’est pas l’OUA. Elle est basée sur des principes élaborés à travers des luttes menées contre la colonisation et contre nos propres démons. Ces principes font partie intégrante de notre identité en tant que communauté et continent. Quand on adhère à l’Union africaine, on accepte ses principes. Pour moi, l’entrée du Maroc ne devrait pas conduire à la suspension de la République arabe saharaouie démocratique (RASD) dont nous reconnaissons la légitimité. Cette question divise les membres, mais pour autant je ne crois pas que ce soit nécessaire d’aller se chamailler en plénière. Le bureau du président du sommet des chefs d’Etat devrait trouver les modalités de la cohabitation des deux légitimités, la légitimité du retour du Maroc et celle de la RASD. Pour ma part, je suis très content de la demande d’adhésion du Maroc, car c’est bien la preuve que l’Union africaine est devenue crédible, un lieu incontournable pour se faire entendre et pour agir dans le continent.
 
Sur ce 28e sommet de l’Union africaine plane l’ombre de l'Américain Donald Trump qui veut se désengager de l’Afrique. Est-ce un drame pour le continent ?
 
Effectivement, le nouveau président américain veut couper les aides et plus grave encore, renégocier les traités commerciaux tels que l’AGOA. Mais le drame est qu’il ne veut pas seulement se désengager de l’Afrique, mais aussi de l’Europe, continent avec lequel notre sort reste inextricablement lié. Si l’Europe est économiquement touchée par le désengagement américain, nous le serons aussi. Ce désinvestissement des grandes puissances est peut-être une opportunité pour nous de reprendre la maîtrise de notre destin dans nos mains. Que l'on veuille ou non, nous vivons dans un monde interdépendant. Le monde extérieur a besoin de nous, de nos matières premières. A nous de nous donner les moyens pour que notre voix compte dans le concert des nations.

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Dans le secret des «opérations homo»

Dans le secret des «opérations homo»
Lun 30 Mar 2015 | Source : slate.fr ... | dans Autres Actus

Un récent ouvrage très documenté revient sur «la guerre de l’ombre» menée par la France, via des liquidations ciblées de meneurs terroristes. Une stratégie employée à haute dose par le pouvoir actuel.   Ce message-là,... Lire la suite >

Au Burundi, l'église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza

Au Burundi, l'église catholique, épine dans le pied du président Nkurunziza
Lun 30 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

Ce dimanche, l'église de Kiryama, en haut de la colline burundaise éponyme, est bondée. L'archevêque de Gitega (centre), Simon Ntamwana, est venu dire la messe et a préparé un sermon de circonstance en cette période pré-électorale.   Quelques... Lire la suite >

Présidentielle au Burundi: Nkurunziza sous pressions internationales

Présidentielle au Burundi: Nkurunziza sous pressions internationales
Dim 29 Mar 2015 | Source : RFI ... | dans Politique

Au Burundi, la communauté internationale ne cache pas son inquiétude face aux risques de violence que pourrait entraîner dans le pays la volonté du président Pierre Nkurunziza, en poste depuis 2005, de se représenter pour la troisième fois à ... Lire la suite >

Élections sous tension au Nigeria - le scrutin prolongé jusqu'à dimanche

Élections sous tension au Nigeria - le scrutin prolongé jusqu'à dimanche
Dim 29 Mar 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Politique

La journée électorale au Nigeria ne s'est pas déroulé sans encombres. Des dysfonctionnements, des violences et des victimes sont à déplorer. Le scrutin a même été prolongé demain pour permettre à ceux qui en ont été... Lire la suite >

Nigeria : ouverture des bureaux de vote pour la présidentielle

Nigeria : ouverture des bureaux de vote pour la présidentielle
Sam 28 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Politique

La commission électorale a annoncé l'ouverture des bureaux de vote samedi au Nigeria, où les électeurs doivent choisir leur prochain président, au cours d'une élection considérée comme la plus serrée de l'histoire du pays ... Lire la suite >

Malgré l’émergence, l’Afrique compte une majorité d’exclus

Malgré l’émergence, l’Afrique compte une majorité d’exclus
Sam 28 Mar 2015 | Source : RFI ... | dans Société

Alors que les perceptions changent en Afrique, à la faveur de taux de croissance et de promesses d’émergence, un certain scepticisme reste de mise sur le continent. Nombre d’économistes et de responsables s’interrogent sur les retombées réelles... Lire la suite >

Jacques Foccart, l’homme de l’ombre, à la lumière de ses archives

Jacques Foccart, l’homme de l’ombre, à la lumière de ses archives
Ven 27 Mar 2015 | Source : RFI ... | dans Autres Actus

La réputation de mystère qui a entouré Jacques Foccart, le « Monsieur Afrique » des présidents de Gaulle et Pompidou, a longtemps laissé croire qu’il ne laisserait d’autres traces de son action que les longs entretiens accordés sur... Lire la suite >

Mali: des partisans de l'ex-président Touré réclament son retour

Mali: des partisans de l'ex-président Touré réclament son retour
Ven 27 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Politique

Des partisans de l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, exilé au Sénégal depuis 2012, menacé de poursuites au Mali, ont organisé des rassemblements jeudi à Bamako et en province pour réclamer son retour, selon un journaliste ... Lire la suite >

Une héritière d'Omar Bongo réclame l'acte de naissance d'Ali Bongo devant la justice française

Une héritière d'Omar Bongo réclame l'acte de naissance d'Ali Bongo devant la justice française
Jeu 26 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

Une héritière d'Omar Bongo Ondimba va saisir la justice française pour obtenir communication de l'Etat civil complet de l'actuel président Ali Bongo Ondimba dans le cadre de la succession de l'ancien président gabonais décédé... Lire la suite >

Burundi: le parti présidentiel menace ses frondeurs

Burundi: le parti présidentiel menace ses frondeurs
Jeu 26 Mar 2015 | Source : RFI ... | dans Politique

Au Burundi, une fronde de hauts cadres du parti au pouvoir, le Cndd-FDD, prend de l’ampleur depuis quelques jours et revendique déjà entre 100 et 300 signatures contre un troisième mandat pour le président Pierre Nkurunziza. Mais désormais, le bras de fer ... Lire la suite >

L’Afrique peut-elle organiser les JO ?

L’Afrique peut-elle organiser les JO ?
Mer 25 Mar 2015 | Source : lemonde.fr ... | dans Sports

Paris, dont la candidature pour les Jeux olympiques 2024 sera soumise la semaine prochaine au vote des conseils d’arrondissement après l’accord d’Anne Hidalgo lundi 23 mars, pourrait avoir une rivale de plus. Nairobi, capitale du Kenya, veut aussi ses Jeux olympiques. Et ... Lire la suite >

Angola: ouverture du procès du plus célèbre opposant au régime

Angola: ouverture du procès du plus célèbre opposant au régime
Mer 25 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

Le procès du plus célèbre opposant au régime angolais s'est ouvert mardi à Luanda.   Le journaliste militant Rafael Marques est poursuivi pour dénonciation calomnieuse par sept généraux, dont le bras droit du président... Lire la suite >

Tony Elumelu et ses mille entrepreneurs africains, en majorité anglophones

Tony Elumelu et ses mille entrepreneurs africains, en majorité anglophones
Mar 24 Mar 2015 | Source : lemonde.fr ... | dans Economie

La fondation Tony Elumelu a publié lundi 23 mars les noms des mille premiers entrepreneurs sélectionnés pour son programme annuel d’entrepreneuriat africain. Lancé en décembre 2014, le Tony Elumu Foundation Entrepreneurship program consacre 100 millions de... Lire la suite >

Cameroun - Yves Michel Fotso :

Cameroun - Yves Michel Fotso :
Mar 24 Mar 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

Détenu depuis quatre ans au secrétariat d'État à la Défense, à Yaoundé, l'ancien patron de Cameroon Airlines et héritier du financier Victor Fotso clame son innocence. Et dénonce un acharnement politico-judiciaire.   Incarcéré... Lire la suite >

Barack Obama hausse le ton face à Benyamin Nétanyahou

Barack Obama hausse le ton face à Benyamin Nétanyahou
Lun 23 Mar 2015 | Source : lemonde.fr ... | dans Diplomatie

Les propos de Benyamin Nétanyahou contre une solution à deux Etats pour régler le conflit israélo-palestinien rendent difficile une reprise des négociations, estime Barack Obama dans une interview au Huffington Post publiée samedi 21 mars.   Le... Lire la suite >

Sénégal: Wade remue ciel et terre pour libérer son fils Karim

Sénégal: Wade remue ciel et terre pour libérer son fils Karim
Lun 23 Mar 2015 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

Passage en force d'un barrage de police, outrances verbales, appel aux grands de ce monde: à bientôt 89 ans, l'ex-président sénégalais Abdoulaye Wade fait feu de tout bois pour sortir de prison son fils et héritier politique présomptif.   Abdoulaye... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS