NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, une terre trop convoitée


Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, une terre trop convoitée
A Guiglo, dans l’ouest de la Côte d’Ivoire pendant la récolte de cacao, en octobre 2016. | PHOTO: SIA KAMBOU/AFP
Dans cette région productrice de cacao, première source de richesse du pays, les tensions sont avivées par les rivalités foncières et l’absence de justice.
 
C’est l’histoire d’un conflit sans fin, où se forgent et se lisent les lignes de fracture de la société ivoirienne. Il se déroule dans l’ouest du pays, à près de 500 km de la capitale économique, Abidjan. Une nouvelle série d’affrontements, entre mi-septembre et début novembre, a fait craindre le pire une fois de plus. Bilan officiel, selon les autorités locales : onze morts. Bilan officieux, selon les acteurs de la société civile : seize morts. Quant aux nombres de blessés, de viols et de déplacés, ils donnent lieu à d’interminables querelles de chiffres.
 
C’est sur l’« axe » traversant la région du Cavally, autrement dit, la route principale reliant Guiglo et Bloléquin, que se mesurent les haines recuites et les rancœurs nouvelles. Entre les grandes villes de la zone, une vingtaine de villages. Au sud attenant, l’une des 231 forêts classées de Côte d’Ivoire, la forêt du Goin-Débé. Une étendue de 133 000 hectares appartenant au domaine privé de l’Etat, « dégradée à 90 % » selon les termes mêmes du ministre ivoirien des eaux et forêts, Alain-Richard Donwahi. « Dégradée », c’est-à-dire composée de plantations. Riz, fruits et légumes, café, hévéa mais, surtout, cacao. Un véritable or vert au cœur de toutes les convoitises.
 
De la méfiance aux affrontements
 
A Ziglo, un village planté au milieu du fameux axe, il est 16 heures, et pour le chef du village et quelques proches, le goûter se compose uniquement de koutoukou, l’alcool local. Taciturne, le vieux chef ne souhaite pas s’exprimer, en appelle aux jeunes du village, plus prolixes. « Cette terre et ses forêts sont celles de nos aïeux, celles du peuple Wê », déclare l’un d’eux, en prenant soin de taire son nom.
 
 
Le jeune homme continue : « Depuis des décennies, et par vagues, les Baoulé [autre importante communauté ivoirienne] et les Burkinabés s’installent illégalement dans la forêt classée du Goin-Débé pour y cultiver du cacao et l’Etat ne fait rien. Alors que nous, nous respectons la loi et avons, depuis longtemps, déserté les forêts classées. Il y a quelques mois, nous nous sommes donc organisés pour aller récupérer nos terres. Nous aussi nous voulons travailler notre terre, profiter de ses fruits. » Leur « organisation », l’Alliance des jeunes Wê a été créée en avril et son opération de récupération des terres a été lancée trois mois plus tard.
Le problème, c’est qu’en débarquant à ce moment-là dans la forêt, les jeunes Wê y ont trouvé des Baoulé et des Burkinabés n’ayant aucune intention de s’en aller. Les premiers jours les membres des diverses communautés se sont regardés avec méfiance. Puis est venu le temps des menaces, de part et d’autre, et finalement, celui des premiers affrontements. « Comment peut-on déloger des planteurs qui ont travaillé des années sur leurs parcelles et sont en attente d’en récolter les fruits ? On ne peut pas l’accepter ! », explique Nanan Mea Akessé, un chef de la communauté Baoulé.
 
 
Qui a commencé ? Qui a fait quoi ? Qui possède quoi en réalité dans cette forêt régie par un code forestier qui impose à chaque planteur d’obtenir une autorisation officielle avant de commencer toute activité agricole ? Les versions sont diamétralement opposées. Et même si chacun s’estime dans son bon droit, les documents officiels eux, sont aussi rares que sont nombreuses les anecdotes sur les pots-de-vin versés aux agents de la Société de développement des forêts de Côte d’Ivoire (Sodefor), qui gère les forêts classées, et aux chefs coutumiers locaux.
 
Village de Goya, près de Guiglo, un cultivateur montre son titre de propriété en novembre 2016. CRÉDITS : SIA KAMBOU/AFP
 
Un scénario de conflit « communautaro-foncier » typique en Côte d’Ivoire. En effet, dans ce pays, où le cacao a été choisi comme moteur de l’économie depuis l’indépendance, et qui en est aujourd’hui le premier producteur mondial, la propriété des terres a toujours été un sujet explosif. Dans les années 1960 et 1970, le premier président ivoirien, Félix-Houphouët Boigny, encouragea l’installation de planteurs étrangers dans le pays, et de planteurs ivoiriens dans des régions dont ils ne sont pas forcément originaires. « La terre appartient à celui qui la met en valeur », déclarait-il. En plein « miracle ivoirien », toute main-d’œuvre, quelle que soit son origine, était la bienvenue.
 
 
Mais la chute des cours mondiaux de cacao, au milieu des années 1980 et, surtout, la mort de Houphouët-Boigny en 1993, change la donne. La guerre de succession qui s’ensuivit, ainsi que l’émergence et l’instrumentalisation du concept d’« ivoirité » établissant une césure entre « autochtones » et « allogènes » opposent les communautés. En 1999, une nouvelle loi foncière interdit l’accès à la propriété aux étrangers. Cette même année, à Tabou, à l’extrême-ouest du pays, près de 15 000 Burkinabés sont chassés des plantations et des villages. Car c’est à l’ouest, plus qu’ailleurs, que très vite, les tensions s’exacerbent. Tout d’abord, à cause des conséquences de la guerre civile (1989-2003) au Liberia voisin qui amène réfugiés et mercenaires dans la zone, puis de la décennie de crise politico-militaire ivoirienne de 2002-2011 où rebelles et forces gouvernementales commettent leur lot d’exactions.
 
« Des frustrations pas évacuées »
 
Retour sur l’« axe ». « Les frustrations des précédents conflits n’ont pas été évacuées, explique anonymement le représentant d’une organisation locale de défense des droits humains. Les victimes n’ont pas été indemnisées, leurs bourreaux n’ont pas été jugés. Rien. Aujourd’hui, c’est la forêt du Goin-Débé qui exacerbe la tension, demain cela pourrait être tout à fait autre chose. Seul l’Etat peut arrêter cette spirale d’accusations et de paranoïa. Qu’il prenne ses responsabilités ! »
 
Dans les différents villages, les propos assumés et les préjugés de certains font frémir. « On va aller déposer nos femmes et nos enfants au Liberia, et on va revenir ici se battre avec les Baoulé. C’est qu’ils ne nous connaissent pas, on va les exterminer ! », entend-on ici. « Les Wê sont des fainéants et des escrocs, ils ne font pas de cacao mais veulent manger l’argent du cacao ! Ils vendent leurs terres à ceux qui la travaillent, en nous demandant de contribuer au développement de leurs villages et viennent ensuite se plaindre ! On ne va pas se laisser faire ! », entend-t-on là. De quoi chauffer à blanc, les plus jeunes de chaque communauté, dont la particularité commune est d’être souvent au chômage.
 
 
L’Etat, lui, fait montre d’une grande précaution dans le traitement de ce conflit, qui éclate en pleine saison de récolte du cacao. Sur place, les tentatives de médiation du préfet et de la ministre de la salubrité, de l’environnement et du développement durable, Anne Ouloto, une fille de la région, n’ont eu que très peu d’effets. Il aura fallu attendre le saccage de la préfecture de Guiglo, le 3 novembre, survenu après la mort par balles de deux jeunes Wê, pour que le dispositif sécuritaire soit considérablement renforcé. Aujourd’hui, 1 000 policiers, gendarmes et militaires assurent en théorie la sécurité de la zone. Afin de régler la crise, le 17 novembre, le gouvernement a tranché : les occupants de la forêt du Goin-Débé seront tous identifiés, recensés et expulsés. Une décision qui n’a pas encore été suivie d’effet et qui ne dit rien de l’avenir qui sera réservé aux populations refoulées.
 

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Burkina Faso : Djibrill Bassolé, ou l'art du rebond

Burkina Faso : Djibrill Bassolé, ou l'art du rebond
Mer 15 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

À Ouagadougou, les ambitions présidentielles de l'ancien ministre ne sont un secret pour personne. Rencontre avec un homme qui a presque réussi à faire oublier qu'il avait été un pilier du régime de "Blaise" et qui est décidé... Lire la suite >

Sénégal-Tchad : pour Hissène Habré, le compte à rebours a commencé

Sénégal-Tchad : pour Hissène Habré, le compte à rebours a commencé
Mer 15 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

Les trois magistrats chargés de juger l'ancien président tchadien ont été nommés début avril, et le procès pourrait débuter en juin, à Dakar.   L'étau judiciaire se resserre autour de Hissène Habré.... Lire la suite >

Lutte contre Boko Haram - Nigeria : l'insuffisante réponse militaire

Lutte contre Boko Haram - Nigeria : l'insuffisante réponse militaire
Mar 14 Avr 2015 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

L’offensive militaire des pays de la Commission du bassin du lac Tchad a secoué le groupe terroriste islamiste. Il reste maintenant à l'annihiler.   En organisant des élections présidentielle et législatives dans le calme, malgré la... Lire la suite >

Burkina Faso : deux anciens ministres de Blaise Compaoré déférés au parquet

Burkina Faso : deux anciens ministres de Blaise Compaoré déférés au parquet
Mar 14 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Politique

Jérôme Bougouma, ex-ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité, et Salif Kaboré, ex-ministre des Mines et de l’Énergie, ont été déférés au parquet. Ces deux cadres du régime Compaoré... Lire la suite >

Le pape reconnaît le "génocide" arménien et provoque la colère de la Turquie

Le pape reconnaît le
Lun 13 Avr 2015 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

Le Premier ministre turc a évoqué des propos de "partiaux" et "inappropriés", alors que le pontife a utilisé, pour la première fois, le mot "génocide" pour désigner le massacre des Arméniens entre 1915 et 1917.   Le... Lire la suite >

Son âge, sa santé, son caractère...: Les cinq questions que pose la candidature d'Hillary Clinton

Son âge, sa santé, son caractère...: Les cinq questions que pose la candidature d'Hillary Clinton
Lun 13 Avr 2015 | Source : 20minutes.fr ... | dans Politique

Elle a énormément d’avance dans les sondages. Mais un gros inconvénient. Hillary Clinton reste une personnalité très opaque aux yeux des Américains. Alors que l’ancienne First Lady a annoncé ce dimanche sa candidature à l’investiture... Lire la suite >

Projet de nouveau code électoral: le Burkina Faso en ébullition

Projet de nouveau code électoral: le Burkina Faso en ébullition
Dim 12 Avr 2015 | Source : RFI ... | dans Politique

Les réactions à la décision du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) et ses alliés de suspendre leur participation aux organes de la transition se multiplient. Le gouvernement appelle tous les Burkinabè à soutenir le projet de... Lire la suite >

9 choses que vous ignorez pour être en bonne santé

9 choses que vous ignorez pour être en bonne santé
Dim 12 Avr 2015 | Source : lexpress.fr ... | dans Société

Poids, alimentation, stress, prévention des maladies... Dans Prenez votre santé en main!, le Dr Saldmann livre toutes sortes de moyens pour mieux se porter. Extraits.   Les médicaments qui font grossir   La cortisone est d'une grande efficacité... Lire la suite >

Les shebabs somaliens: sept questions sur un mouvement terroriste

Les shebabs somaliens: sept questions sur un mouvement terroriste
Sam 11 Avr 2015 | Source : RFI ... | dans Autres Actus

Les jihadistes somaliens ont de nouveau fait régner la terreur dans la sous-région de la Corne de l’Afrique. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Que veulent-ils ? Quelle est leur stratégie ? Une foultitude de questions qui se posent au lendemain de l’attaque... Lire la suite >

France - Gabon : Pierre Péan mis en examen pour diffamation contre Ali Bongo Ondimba

France - Gabon : Pierre Péan mis en examen pour diffamation contre Ali Bongo Ondimba
Sam 11 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

Le journaliste et écrivain Pierre Péan a été mis en examen par la justice française, à la suite de la plainte en diffamation déposée par le président gabonais Ali Bongo Ondimba pour les accusations contenues dans son livre "Nouvelles... Lire la suite >

Jean-Marie Le Pen promet la "mort" du FN s'il en est exclu

Jean-Marie Le Pen promet la
Ven 10 Avr 2015 | Source : nouvelobs.com ... | dans Politique

Le parti, qui a démenti la tenue d'un bureau extraordinaire ce jeudi, devrait statuer le 17 avril sur le sort à réserver à son fondateur.   On l'aura compris au vocabulaire employé, le point de non-retour est définitivement franchi au... Lire la suite >

Burkina - Djibrill Bassolé: 'Oui, je vais annoncer ma candidature à la présidentielle'

Burkina - Djibrill Bassolé: 'Oui, je vais annoncer ma candidature à la présidentielle'
Ven 10 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Politique

Djibrill Bassolé, ex-ministre des Affaires étrangères de Blaise Compaoré, ne mâche pas ses mots après le vote du nouveau code électoral, qui interdit aux partisans du président déchu de se présenter aux élections d'octobre... Lire la suite >

Sénégal : Sall - Wade, le président et le prisonnier

Sénégal : Sall - Wade, le président et le prisonnier
Jeu 09 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

Que l'opposition ait fait de Karim Wade son candidat à la prochaine élection ne gênera sans doute pas beaucoup Macky Sall. Mais l'ancien ministre sera bien plus gênant derrière les barreaux qu'il ne le serait en liberté.   "N'importe... Lire la suite >

Génocide au Rwanda : les enjeux de la déclassification des archives de l'Élysée

Génocide au Rwanda : les enjeux de la déclassification des archives de l'Élysée
Jeu 09 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

Vingt et un ans après le génocide des Tutsis, François Hollande va rendre accessibles aux chercheurs les archives de la présidence de la République française sur le dossier rwandais. Une initiative accueillie positivement même si elle reste très... Lire la suite >

Rwanda - Paul Kagamé: ' Nul ne peut nous dicter notre conduite '

Rwanda - Paul Kagamé: ' Nul ne peut nous dicter notre conduite '
Mer 08 Avr 2015 | Source : jeuneafrique.com ... | dans Autres Actus

La campagne pour sa réélection a déjà commencé. Et le chef de l'État rwandais, Paul Kagamé, n'entend pas recevoir de leçons de l'étranger quant à une éventuelle révision de la Constitution. Pour lui, les... Lire la suite >

Argent détourné du Nigeria : la Suisse restitue 380 millions de dollars

Argent détourné du Nigeria : la Suisse restitue 380 millions de dollars
Mer 08 Avr 2015 | Source : lepoint.fr ... | dans Economie

Entre 1993 et 1998, le général Sani Abacha avait détourné 2,2 milliards de dollars. L’argent revient au compte-gouttes, mais pas forcément dans les bonnes poches.   En Suisse, l’histoire a été rebaptisée "L’éternelle... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS