NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Au Tchad, une austérité à durée indéterminée


Au Tchad, une austérité à durée indéterminée
Sur un marché à N’Djamena, au Tchad, en août 2017. | PHOTO: XAUME OLLEROS / AFP
Malgré le retour de la croissance économique, le président a annoncé le maintien des mesures de restriction budgétaire, à l’origine d’une grogne sociale sans précédent.
 
Installé sous un arbre, à l’abri des rayons brûlants du soleil si familiers à N’Djamena, Mahamat Issa Moussa compte une liasse de billets. « C’est mon salaire du mois », lâche ce professeur tchadien de 42 ans, l’air affligé. Aujourd’hui, il perçoit un revenu mensuel de 75 000 francs CFA (115 euros), contre 240 000 francs CFA il y a six mois.
Depuis janvier, les primes et indemnités des fonctionnaires sont divisées par deux. C’est l’une des seize mesures d’austérité imposées par le gouvernement pour lutter contre la crise économique dans laquelle le pays est englué depuis la brusque chute des prix du cours du pétrole en 2014. Objectif : économiser 300 millions d’euros par an.
 
« Je ne vais pas réussir à joindre les deux bouts. Entre mon loyer, mon prêt à la banque et l’alimentation, je dois me défendre », bougonne Mahamat Issa Moussa avant de fourrer son maigre pactole dans la poche de son boubou. L’espoir de retrouver son salaire intégral a effleuré l’esprit de ce père de famille, un après-midi de juin, lorsqu’un flash d’information diffusé à la radio publique lui a « gratté l’oreille », se souvient-il.
 
Il y apprenait que la Banque mondiale projetait, dans son rapport annuel sur les perspectives économiques mondiales, un taux de croissance de 2,6 % en 2018. Une embellie volontiers confirmée par le ministère des finances et du budget, qui prévoit pour sa part une croissance de « 5,2 % en 2018, contre – 4,6 % en 2017 ». Hélas pour Mahamat Issa Moussa, malgré ces prévisions qui étonnent plus d’un économiste à N’Djamena, le gouvernement a décidé de maintenir le cap de l’austérité.
 
« On a crevé le plafond »
 
Lundi 6 août, le président Idriss Déby Itno a douché les espérances des 92 000 fonctionnaires. « Depuis 2003, lors de la mise sur le marché de notre premier bateau pétrolier, les fonctionnaires ont forcé le gouvernement à augmenter les salaires chaque année. […] On a crevé le plafond », a déclaré le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse. La dette publique atteint 48 % du PIB. Les autorités ont donc réduit drastiquement le budget de l’Etat, passant de 2,5 milliards d’euros en 2011 à 1,4 milliard d’euros en 2017.
 
Le Tchad a dû renégocier sa dette colossale contractée auprès de Glencore, société anglo-suisse de négoce de matières premières. La maturité de la dette, d’un montant de 1,1 milliard d’euros, passe de dix à douze ans, tandis que le taux d’intérêt est ramené de 7,5 % à 2 %. Une bouffée d’oxygène qui a permis à N’Djamena de bénéficier, en juillet, d’un décaissement de près de 43 millions d’euros dans le cadre d’un prêt de 275 millions d’euros accordé en 2017 par le Fonds monétaire international (FMI). D’autres efforts budgétaires seraient nécessaires pour débloquer la somme restante.
 
« Que les partenaires sociaux comprennent : on va revenir en arrière », a prévenu Idriss Déby Itno, alors que la baisse des salaires est à l’origine d’une grogne sociale sans précédent. Une grève illimitée paralyse le secteur public depuis plus de six mois. Elle touche à la fois les écoles, l’administration et les hôpitaux.
 
« Le ras-le-bol est là »
 
« Nous ne pouvons pas accepter la coupe de nos salaires. Nous n’avons pas à payer le prix de la mauvaise gouvernance », s’insurge Michel Barka, président de l’Union des syndicats du Tchad, dans son bureau exigu à la Bourse du travail, à N’Djamena. « Le ras-le-bol est là, les travailleurs sont poussés à l’extrême. Ils veulent même stopper le service minimum dans les hôpitaux », tempête le militant, frappant du poing sur sa pile de dossiers.
 
Michel Barka salue tout de même « de bonnes solutions adoptées par le gouvernement », notamment l’audit des diplômes et le recensement des fonctionnaires qui ont permis, selon lui, d’écarter 9 000 travailleurs fictifs depuis 2012. Mais il dénonce le non-respect de l’accord du 14 mars signé entre les syndicats et le gouvernement. « Les salaires de juin auraient dû être versés intégralement, il n’en a rien été », déplore-t-il. Depuis, les négociations sont au point mort.
 
« Le cabinet qui a négocié cet accord, composé à l’époque par le secrétaire général de la présidence, Jean-Bernard Padaré, et le directeur de cabinet de la présidence, Issa Ali Taher, a sauté, regrette un ministre proche du dossier. Le deal était de verser les salaires proportionnellement aux augmentations de croissance. Mais le gouvernement a totalement changé de cap. Plus qu’un problème économique, c’est devenu un problème de dialogue. Chacun protège son poste, personne n’ose dire que la ligne adoptée est mauvaise. Résultat : personne ne sait où cette situation va mener le pays. »
 
« Une goutte d’eau »
 
Quel bilan peut-on tirer des seize mesures d’austérité ? Dans son rapport titré « Budget en chute, répression en hausse, le coût humain des mesures d’austérité », présenté à N’Djamena en juillet, Amnesty International déplore « l’instauration de mesures rétrogrades non conformes aux critères en matière de droits humains ».
 
« Selon le droit international, un Etat peut prendre des mesures d’austérité, mais il doit veiller à ne pas violer certaines obligations comme l’accès aux soins et à l’éducation. Or sur le terrain tchadien, ce n’est pas le cas. Les populations qui ont un faible revenu à cause de la crise économique se retrouvent à payer cher pour des soins, voire à ne plus pouvoir se soigner », explique Balkissa Ide Siddo, chercheuse pour Amnesty.
 
D’autres mettent en cause l’efficacité de ces coupes salariales. « C’est une goutte d’eau dans l’économie endettée du Tchad. En diminuant le pouvoir d’achat d’une partie de la population, c’est tout un pays qui tourne au ralenti, analyse un économiste tchadien, conseiller auprès de l’Union européenne. Il n’y a pas de fonds de stabilisation permettant d’asseoir des ressources fixes en cas de fluctuation des prix du brut. Croissance ou non, faute de diversification de l’économie, le gouvernement devra diminuer les salaires pour retrouver l’équilibre par rapport à la base de ses ressources réelles hors pétrole. »

 Commentaires

LIRE AUSSI...

« Au Tchad, le discours sécuritaire réduit au silence toute voix dissidente »

« Au Tchad, le discours sécuritaire réduit au silence toute voix dissidente »
Ven 03 Mai 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Selon Amnesty International, le droit de manifester fait l’objet d’une interdiction totale et systématique au pays d’Idriss Déby.   Tribune. Les Tchadiens arrêtés jeudi 25 avril lors d’une manifestation interdite contre la vie chère... Lire la suite >

Bénin - législatives : « Le chef de l'État en ressortira forcément affaibli »

Bénin - législatives : « Le chef de l'État en ressortira forcément affaibli »
Dim 28 Avr 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

DÉCRYPTAGE. Que se passe-t-il donc au Bénin qui justifie l'absence de l'opposition aux élections législatives de ce dimanche 28 avril  ? Éléments de réponse avec Mathias Hounkpe, de l'Open Society Initiative for West Africa.   Le... Lire la suite >

Le cauchemar de l'inflation hante

Le cauchemar de l'inflation hante
Lun 22 Avr 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Economie

Le cauchemar de l'inflation est de retour au Zimbabwe. Malgré la suppression de la parité fixe entre la pseudo-monnaie locale et le dollar américain, les prix n'en finissent plus de grimper, réduisant à néant les promesses de sortie de crise du gouvernement.   Dans... Lire la suite >

L'ex-président de la Cour suprême du Nigeria fait appel de sa condamnation

L'ex-président de la Cour suprême du Nigeria fait appel de sa condamnation
Lun 22 Avr 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

L'ancien président de la Cour suprême du Nigeria a fait appel de sa condamnation à dix ans de suspension de toute fonction publique pour corruption, ont déclaré vendredi ses avocats.   Walter Onnoghen, qui était le plus haut magistrat du pays,... Lire la suite >

Libye: la communauté internationale divisée, des roquettes sur la capitale

Libye: la communauté internationale divisée, des roquettes sur la capitale
Jeu 18 Avr 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

La communauté internationale reste mercredi divisée sur l'offensive lancée par le maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, capitale libyenne et siège du gouvernement d'union (GNA) ciblée mardi soir par des tirs de roquettes qui ont fait six nouveaux morts.   Soumis... Lire la suite >

« Le massacre d’Ogossagou est la conséquence de la perte de contrôle de l’Etat malien sur les milices »

« Le massacre d’Ogossagou est la conséquence de la perte de contrôle de l’Etat malien sur les milices »
Jeu 18 Avr 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

L’universitaire Youssouf T. Sangaré analyse la situation sécuritaire du Mali et la montée en puissance d’un islam politique.   Tribune. Le 23 mars, plus de 160 habitants du village d’Ogossagou, essentiellement des Peuls, furent massacrés.... Lire la suite >

Le Nigeria, principale porte d’entrée de faux médicaments sur le continent

Le Nigeria, principale porte d’entrée de faux médicaments sur le continent
Jeu 11 Avr 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

« CARNET DE SANTÉ ». En Afrique, ce commerce illicite serait à l’origine de plus 100 000 décès par an, selon l’Organisation mondiale de la santé.   La nuit tombe sur Lagos. C’est l’heure où l’Obalende... Lire la suite >

Libye : derrière la bataille de Tripoli, des influences étrangères ?

Libye : derrière la bataille de Tripoli, des influences étrangères ?
Jeu 11 Avr 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

Alors que l'offensive du maréchal Haftar vers Tripoli se poursuit, plusieurs acteurs de la communauté internationale continuent à avancer leurs pions. Par Patrick Forestier   Le maréchal Khalifa Haftar pourra-t-il gagner la bataille de Tripoli ? Ou bien... Lire la suite >

Les Maliens en colère

Les Maliens en colère
Lun 08 Avr 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

REPORTAGE. Après les habitants du cercle de Bandiagara, plus de 10 000 personnes ont manifesté vendredi leur colère contre « l'effondrement de l'État ».   Ils étaient des milliers, femmes, hommes, enfants, vieillards, des Maliens... Lire la suite >

Guinée : l’opposition coalisée contre un troisième mandat du président Alpha Condé

Guinée : l’opposition coalisée contre un troisième mandat du président Alpha Condé
Lun 08 Avr 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Politique

Le chef de l’Etat, dont le deuxième quinquennat s’achève en 2020, a souvent contesté la pertinence de la limitation du nombre de mandats sur le continent.   Les principaux partis d’opposition de Guinée, des associations de la société... Lire la suite >

Des hôpitaux nigérians emprisonnent les femmes incapables de payer leurs frais de maternité

Des hôpitaux nigérians emprisonnent les femmes incapables de payer leurs frais de maternité
Jeu 04 Avr 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Société

On estime que chaque année, plusieurs milliers de personnes sont ainsi détenues au Nigeria.   En décembre 2014, Folake Oduyoye est morte à l'hôpital universitaire de Lagos, la plus grande ville du Nigeria. Hospitalisée en août pour accoucher... Lire la suite >

Le cas de M. Atangana, détenu pendant dix-sept ans au Cameroun, inspire les députés français

Le cas de M. Atangana, détenu pendant dix-sept ans au Cameroun, inspire les députés français
Jeu 04 Avr 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Une réunion s’est tenue à l’Assemblée pour réfléchir aux moyens d’offrir une meilleure protection aux Français emprisonnés à l’étranger.   C’est le début d’une revanche sur l’histoire... Lire la suite >

« Faire la paix au Mali : les limites de l’acharnement contre-terroriste »

« Faire la paix au Mali : les limites de l’acharnement contre-terroriste »
Sam 30 Mar 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

« Le Monde Afrique » a décidé de publier l’un des articles de la revue « Afrique contemporaine » consacrée au Mali qui ne verra pas le jour. La publication du dossier a été suspendue par l’AFD, son organisme de tutelle.   Sur... Lire la suite >

Algérie : les clés pour comprendre l'intervention du patron de l'armée

Algérie : les clés pour comprendre l'intervention du patron de l'armée
Sam 30 Mar 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

DÉCRYPTAGE. Tout ce qu'il faut saisir du sens de l'appel par le général Gaïd Salah de l'application de l'article 102 de la Constitution, qui prévoit « l'empêchement » du chef de l'État pour « cause de maladie ... Lire la suite >

L’opposition togolaise affaiblie par ses querelles internes

L’opposition togolaise affaiblie par ses querelles internes
Mar 26 Mar 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Après le boycottage des législatives de décembre 2018, sept des quatorze partis de la coalition ont claqué la porte, dont plusieurs poids lourds politiques.   « Nous avons marché durant des mois sous un soleil chaud et parfois sous la pluie, espérant... Lire la suite >

Mali : les écoliers, ces autres victimes de la guerre

Mali : les écoliers, ces autres victimes de la guerre
Mar 26 Mar 2019 | Source : FRED DUFOUR / AFP ... | dans Société

À cause de la situation qui prévaut actuellement au Mali, près de mille écoles sont fermées. De quoi impacter gravement l'éducation de nombreux enfants.   L'engrenage de ce qui ressemble désormais à une guerre civile a coûté... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS