Les Maliens ont répondu aux abonnés absents au second tour de la présidentielle de dimanche. Un scrutin a priori entaché de nombreux soupçons de fraudes et même de violences avec la mort d'un président de bureau de vote dans le nord du pays.
Le taux d'abstention était la principale inconnue de l'élection présidentielle malienne du 12 août. Dimanche en mi-journée, les électeurs traînaient encore le pas, dans la plupart des bureaux de vote de la capitale Bamako et plusieurs autres villes. Les bureaux de vote ont fermé aux alentours de 18 heures GMT, les opérations de dépouillement s'effectuent en présence des membres du bureau de vote, des représentants des candidats, de la Ceni et de la Cour constitutionnelle ainsi que des observateurs nationaux et internationaux.
La Cour constitutionnelle a jusqu'à vendredi pour valider les résultats qui doivent lui être communiqués en cours de semaine.
Plus de 8 millions de Maliens étaient appelés aux urnes pour élire leur président lors d'un second tour placé sous haute sécurité, mais qui n'a pas mobilisé les foules, la victoire étant, pour beaucoup, déjà promise au chef de l'État sortant, Ibrahim Boubacar Keïta. Mais le bilan, partagé par de nombreux observateurs, est négatif. Il est d'autant plus sévère que, en 2013, IBK bénéficiait d'une certaine aura grâce à son expérience de Premier ministre et au soutien de la France après l'opération Serval qui avait permis d'éviter l'aggravation de la situation dans le sud du pays.
Mais, avant même l'ouverture des bureaux de vote, dans la nuit de samedi à dimanche, le camp de l'opposant Soumaïla Cissé, en lice face au président sortant, a affirmé qu'une fraude était en préparation. « Cela fait trois jours qu'on apprend que des bulletins de vote circulent dans le pays », a déclaré à l'AFP le chef de la campagne de Cissé, Tiébilé Dramé. « Ces bulletins devraient être sous scellés et ouverts seulement en présence des assesseurs, des délégués et des mandataires des candidats », a-t-il ajouté.
La tension était déjà palpable samedi lorsque les services de renseignements maliens ont arrêté trois membres d'un commando, qualifié de « groupe terroriste », au moment où il « planifiait des attaques ciblées à Bamako pendant le week-end ».
Les 23 000 bureaux de vote ouvrent de 8 heures à 18 heures dans cet immense pays du Sahel toujours confronté à la menace djihadiste malgré cinq ans d'interventions militaires internationales, les résultats étant attendus dans quatre ou cinq jours. Le vainqueur, qui entrera en fonction début septembre, aura la lourde tâche de relancer l'accord de paix conclu en 2015 par le gouvernement et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accumule les retards. L'accord avait été signé après l'intervention de l'armée française qui, en 2013, avait repris le contrôle du nord du Mali, où les djihadistes avaient instauré la charia pendant un an.
18 heures GMT. Fermeture des bureaux de vote
Fermeture officielle des bureaux de vote pour ce second tour de l'élection présidentielle au Mali. À Bamako, les opérations de vote ont été perturbées en début de journée par des averses.
16 h 40 GMT. Un président de bureau de vote tué par des djihadistes présumés
Le président d'un bureau de vote encadrant la tenue de l'élection présidentielle malienne a été tué dimanche par balles par des hommes armés au sud-ouest de Tombouctou, dans le nord du pays, ont indiqué à l'AFP des sources sécuritaires et un élu local. « Des djihadistes sont venus vers 13 h 30 (GMT et locale) dans un bureau de vote d'Arkodia. (...) Le président du bureau de vote a voulu fuir. Les djihadistes ont tiré sur lui et l'ont tué », a indiqué un élu de cette localité située à quelque 100 kilomètres au sud-ouest de Tombouctou, notant que les assaillants ont « interdit le vote ». « Six personnes sont entrées dans le bureau de vote et ont assassiné le président », a confirmé une source proche de la police malienne.
« Les quatre assesseurs ont été molestés et le bureau de vote a été brûlé », a précisé le Pool d'observation citoyenne du Mali (Pocim), qui a déployé sur le terrain plus de 2 000 observateurs. Le Pocim a rapporté que le vote n'avait pas pu avoir lieu dans d'autres bureaux de vote du pays en raison de la « menace sécuritaire » mais n'a pas fait état d'autres victimes.
13 h 03 GMT. Soumaïla Cissé a voté
Le leader de l'Union pour la république et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé, arrivé second lors du premier tour avec 17,1 % des voix, a voté ce dimanche à Niafunké, située à 250 kilomètres au sud-ouest de Tombouctou. Il s'est montré confiant malgré la nette avance du président sortant. D'autant que l'opposition est divisée et que « Soumi » n'a finalement pas pu compter sur les reports de voix des principaux candidats, notamment celles d'Aliou Diallo et de Cheikh Modibo Diarra. Arrivés respectivement troisième et quatrième au premier tour, ils contestent certes les résultats du premier tour, mais n'ont donné aucune consigne de vote à leurs partisans.
12 h 48 GMT. Bilan de la mi-journée
La chef de la mission des observateurs de l'Union européenne (UE) au Mali, Cécile Kyenge, fait état de 95 % des bureaux observés par sa mission qui « ont ouvert à temps » et « sans incident majeur ».
11 h 10 GMT. L'affluence au plus bas pour ce second tour
Lors du premier tour, seulement 3,5 millions d'électeurs – sur un total de 8 millions – avaient pris le chemin des urnes. L'affiche manque également cruellement de nouveauté : les deux finalistes ont milité dans le même parti dans les années 1990 puis ont fait partie des mêmes gouvernements. Ils s'étaient déjà affrontés en 2013, Keïta l'emportant à plus de 77 %.
9 h 41 GMT. Ibrahim Boubacar Keïta a voté
Le président sortant est arrivé aux alentours de 9 heures au centre « École A-B » de Sebenicoro, à Bamako. Habillé en blanc, il a mis en garde contre les « manœuvres » et « mises en scène » de fraude électorale, quelques heures après que l'opposition eut dénoncé une vaste manipulation en cours. « Il est des manœuvres dont nous savons qu'elles sont à l'œuvre pour faire croire que nous serions dans une logique de fraude », a déclaré Keïta à la presse après avoir voté. « Comment frauder quand on a l'assurance de l'estime de son peuple ? Pourquoi essayer de frauder ? » a ajouté le président.
Mais le premier constat frappant est la faible affluence en ce début de journée de vote. Au centre de vote de l'institut du Sacré-Cœur, commune V de Bamako, les flots de votants arrivent petit à petit. « Dans chaque bureau, un observateur de la Cour constitutionnelle est présent, nous sommes sereins sur le déroulement du second tour », confie à notre journaliste, Olivier Dubois, Fousseyni, un observateur.
Le scrutin se tient dans une relative indifférence de la population, fatiguée par plus de six ans de violences et dont près de la moitié vit sous le seuil de pauvreté malgré un taux de croissance supérieur à 5 % et une place de premier producteur africain de coton.
8 h 15 GMT. Le premier tour
Lors du premier tour, le 29 juillet, 871 bureaux (plus de 3 %) étaient restés fermés en raison de violences, empêchant près de 250 000 Maliens de voter, surtout dans le centre et le nord.
Cette fois, quelque 36 000 militaires maliens, soit 6 000 de plus qu'il y a 15 jours, seront mobilisés afin de « renforcer » la démocratie et de « crédibiliser le processus à travers une participation massive de la population », selon Cheick Oumar Coulibaly, un conseiller du Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga. Le chef du gouvernement s'est lui-même rendu samedi à Mopti pour vérifier si « tout est en place » dans cette région en proie à des violences ethniques attisées par des groupes djihadistes.
L'armée malienne sera de nouveau appuyée par les Casques bleus de l'ONU, les forces françaises de l'opération Barkhane et, dans le nord, où l'État est peu ou pas présent, par des groupes signataires de l'accord de paix.
8 heures GMT. C'est parti
En raison de la météo, les Maliens sont pour l'instant moins nombreux que pour le premier tour dans la capitale. Néanmoins les bureaux de vote ont commencé à ouvrir un peu partout au Mali. Le second tour commence officiellement pour élire le nouveau président. Comme en 2013, les Maliens devront départager l'actuel chef de l'État Ibrahim Boubacar Keïta, dit « IBK », et l'opposant et ancien ministre des Finances, Soumaïla Cissé.