NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

L’épopée maudite de Yacouba, migrant sénégalais réduit plusieurs fois en esclavage en Libye


L’épopée maudite de Yacouba, migrant sénégalais réduit plusieurs fois en esclavage en Libye
Des migrants au large des côtes libyennes, le 18 juin 2017. | PHOTO: STEFANO RELLANDINI/REUTERS
Finalement échoué sur la côte tunisienne, le jeune homme a tenté quatre fois la traversée vers l’Europe. A chaque échec, retour à la case prison « privée ».
 
Yacouba Badji a ce mot terrible, accablant, pour évoquer sa traversée de la Libye : « C’est pire que l’époque de l’esclavage colonial. » Le jeune Sénégalais de 21 ans, maillot de corps blanc et nattes naissantes, s’interrompt parfois dans son récit, gorge nouée et œil humide. Il est assis sur une chaise en bois du foyer d’accueil du Croissant-Rouge à Médénine, ville du sud-est de la Tunisie, non loin de la frontière avec la Libye. Là, il peut souffler, se remettre d’aplomb, ramasser ses pensées vers un avenir des plus incertains. Il est encore en vie, c’est déjà l’essentiel.
 
Fin mai, le Zodiac au moteur cassé à bord duquel il avait pris place en compagnie de 125 autres migrants (une femme périra en mer), a dérivé jusqu’à Zarzis, au sud de Djerba. L’embarcation avait quitté deux jours plus tôt la ville libyenne de Sabratha, la principale plate-forme de départs vers l’Italie, où affluent chaque semaine jusqu’à 3 000 candidats au rêve européen. Le Zodiac de Yacouba a raté sa course, dérouté par des courants vers la côte tunisienne. Ses occupants peuvent s’estimer heureux d’avoir échappé au naufrage. A Zarzis, les flots rabattent chaque semaine sur les plages des cadavres de migrants noyés en mer.
 
« Un peu plus chers que les moutons »
 
Yacouba est originaire de la Casamance, au sud du Sénégal. Il a vécu un temps en Gambie voisine, où il a acquis une formation : les techniques du froid. Mais, raconte-t-il, sa « situation familiale était terrible » – son père avait été « assassiné en Casamance » – et il mûrit vite le projet de s’exiler en Europe, pour « perfectionner [sa] formation ». Il commence par se rendre au Mali, où on le met en garde : « Tu as intérêt à avoir de bons passeurs. Sinon, on te vendra sur les marchés comme un animal. »
Voilà Yacouba averti. Il ne pouvait pourtant imaginer ce qui l’attendait en Libye dès la frontière avec le Niger franchie, au cœur de l’été 2016. Ce ne fut qu’un enchaînement maudit de violences, de détentions arbitraires, d’enlèvements et de rackets, livré aux mains de trafiquants et autres gangs criminels. « Un animal de marché », « acheté » et « revendu », Yacouba a été ravalé à ce rang-là durant cette sinistre traversée. « On est simplement un peu plus chers que les moutons, ajoute-t-il. Je n’oublierai jamais. »
 
 
Dès l’entrée en Libye, Yacouba et ses compagnons de voyage sont détroussés, forcés – sous la menace de coups – de vider leurs poches de leur téléphone portable et de ce qu’il leur reste d’argent. Un avant-goût de ce qui s’annonce à Sabha, la principale ville de la région méridionale du Fezzan, oasis au cœur du désert. Là, le chauffeur prétend ne pas avoir été payé – alors que Yacouba avait déjà réglé à un passeur 200 000 francs CFA (300 euros) pour le trajet Agadez (Niger)-Sabha (Libye).
 
« Comme un esclave »
 
Le jeune Sénégalais se retrouve détenu dans une maison « bien protégée », aux murs hérissés de fil de fer barbelé. C’est une prison privée. Le procédé est coutumier : les migrants sont « vendus » à des geôliers qui se chargent de leur soutirer de l’argent. Sous les coups et les violences, les détenus sont sommés d’appeler au téléphone leur famille afin de les supplier d’acheter – à distance – leur libération.
 
Mais Yacouba n’a personne parmi sa famille ou ses amis susceptible de payer. Seule solution : s’enfuir. Une nuit, à 3 heures du matin, alors que les gardes dorment, lui et ses cinq compagnons d’infortune – un Sénégalais et quatre Nigérians – défoncent les portes et disparaissent dans le désert. Un septième détenu périra durant l’évasion. Les fuyards se retrouvent quelques jours plus tard dans une ville voisine, Brak Al-Shati. Durant cinq semaines, Yacouba lourera ses bras pour installer des climatiseurs. Il a de la chance, son employeur lui verse son dû. « Pour beaucoup d’autres, on les paie à peine, dit-il. S’ils protestent, on les frappe. C’est comme du travail forcé. »
 
 
Le pire est à venir. Avec son pécule de Brak Al-Shati, Yacouba poursuit sa route jusqu’à Sabratha, l’une des villes côtières de la Tripolitaine (ouest), principale plate-forme de départs, ultime halte avant le grand saut de la Méditerranée : l’île italienne de Lampedusa n’est qu’à 300 km. Le jeune Sénégalais passera à Sabratha huit mois « comme un esclave ». Il patiente dans un camp où les différentes filières de passeurs concentrent des milliers de migrants. Campo Bahar, le « camp de la mer » : ainsi est dénommé le lieu. Yacouba a payé 1 500 dinars libyens (180 euros) pour l’équipée vers Lampedusa. En octobre 2016, la première sortie en mer, à bord d’un Zodiac, est un échec.
 
Théâtre de tous les trafics
 
Les garde-côtes libyens l’interrompent sans tarder. Les occupants se retrouvent dans un centre de détention de Zaouïa, une ville voisine. Géré officiellement par les autorités de Tripoli, le centre est en fait le théâtre de tous les trafics. Yacouba achète sa libération au tarif de 500 dinars (62 euros) que règle son passeur, un Sénégalais comme lui. « En attendant le paiement, les gardiens me frappaient », raconte-t-il.
Libre, Yacouba retourne au Campo Bahar de Sabratha. Deux mois plus tard, une deuxième tentative de sortie avorte : une fuite d’eau dans le Zodiac et la météo défavorable contraignent le canot au retour. L’échec provoque la colère du groupe armé qui avait supervisé le départ. A titre de sanction, le migrant à qui avait été confié le pilotage du Zodiac est « assassiné », se souvient Yacouba, et celui qui détenait la boussole et le téléphone satellite – destiné à appeler les navires de secours en mer – violemment tabassé.
 
 
Pour Yacouba, il faut encore patienter au camp de Sabratha. La chance n’est décidément pas de son côté : une troisième tentative de sortie en mars échoue à nouveau. Cette fois, le Zodiac est intercepté au large par des hommes armés chevauchant des jet-skis qui le ramènent sur la plage, non sans avoir subtilisé le canot et le moteur. Yacouba découvre à cette occasion que ces « bandits à scooter » des mers, phénomène apparu récemment, bloquent toute embarcation qui ne leur a pas payé de dîme.
 
« Des animaux sauvages »
 
A terre, les occupants du Zodiac se retrouvent une fois encore dans un centre de détention, établissement officiel formellement géré par Tripoli. Yacouba n’y reste pas longtemps. Il est en quelque sorte « revendu » à une prison privée. Là, selon la « coutume » désormais bien établie, on le somme d’appeler sa famille afin de régler les 150 000 francs CFA (228 euros) pour prix de sa liberté. Ainsi peut-il rejoindre à nouveau la base de départs de Sabratha. Mais il lui faut repayer 800 dinars (100 euros) pour un nouveau départ en mer.
 
 
La quatrième tentative, fin mai, sera moins calamiteuse : parti au cœur de la nuit, le Zodiac, où ont pris place 126 personnes, parvient à franchir les eaux internationales. Seul incident : des pêcheurs sur un chalutier croisé – d’une nationalité indéterminée – brandissent un couteau et menacent de crever le canot si les migrants ne paient pas le droit de passer. Les Africains – des Sénégalais, des Ivoiriens, des Gambiens, des Nigérians, etc. – harassés, épuisés et déjà complètement détroussés, trouveront de quoi rassembler quelques piécettes, ultime rançon. Ils franchissent l’obstacle. Mais Lampédusa, leur rêve, s’est évanoui. Le moteur a rendu l’âme et le courant rabat le Zodiac sur la côte tunisienne de Zarzis où les volontaires du Croissant-Rouge les prennent en charge.
Assis sur sa chaise du foyer de Médénine, Yacouba répète : « C’était encore pire que l’esclavage colonial. A tout moment, vous pouvez mourir en Libye. On se demande s’ils sont vraiment des êtres humains, s’ils ont des valeurs. Ils se comportent avec nous comme des animaux sauvages. » L’Europe, il y a cru, il continue d’y croire, mais il regrette d’avoir tenté cette traversée de la Libye. « A mes frères, je dis : “Si vous voulez rejoindre l’Europe, éviter la Libye, allez-y par d’autres moyens”. »
 
 
 
 

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Blaise Compaoré part au Maroc

Blaise Compaoré part au Maroc
Ven 21 Nov 2014 | Source : AFP ... | dans Politique

L'ancien président déchu du Burkina Faso a quitté la Côte d'Ivoire afin de rejoindre le Maroc. Il avait quitté le pouvoir le 31 octobre dernier. Après trois semaines d'exil en Côte d'Ivoire, Blaise Compaoré, l'ex-président... Lire la suite >

La loi rendant possible la destitution du chef de l'État va entrer en vigueur

La loi rendant possible la destitution du chef de l'État va entrer en vigueur
Jeu 20 Nov 2014 | Source : lefigaro.fr ... | dans Politique

LE SCAN POLITIQUE - Le Conseil constitutionnel a donné son ultime aval pour permettre le mécanisme de destitution du président de la République, dans les cartons depuis 2007. François Hollande n'a qu'à bien se tenir. Désormais, les... Lire la suite >

Reconnaissance d'un Etat palestinien: les députés français divisés

Reconnaissance d'un Etat palestinien: les députés français divisés
Jeu 20 Nov 2014 | Source : RFI ... | dans Politique

Faut-il reconnaître un Etat palestinien ? En France, le groupe socialiste devait se prononcer, ce mercredi 19 novembre, et déposer dans la foulée sa proposition de résolution visant à reconnaître la Palestine en tant qu'Etat. Cette résolution, qui... Lire la suite >

Michel Kafando: qui est le président de la transition burkinabè?

Michel Kafando: qui est le président de la transition burkinabè?
Mer 19 Nov 2014 | Source : RFI ... | dans Politique

Investi officiellement président de la transition au terme d’une procédure de sélection transparente, l’ancien diplomate reste un parfait inconnu pour beaucoup de ses concitoyens. Portrait d’un « réac » devenu l’héritier présomptif... Lire la suite >

Tchad: sur les traces du pétrole de contrebande

Tchad: sur les traces du pétrole de contrebande
Mer 19 Nov 2014 | Source : RFI ... | dans Autres Actus

Au Tchad, une semaine après les manifestations contre la hausse des prix du carburant, le président Idriss Déby a annoncé avoir pris des mesures contre la contrebande de pétrole. Depuis quand et comment des citernes ont-elles pu se retrouver en Centrafrique et dans... Lire la suite >

Après son oral, Sarkozy prend une correction

Après son oral, Sarkozy prend une correction
Mar 18 Nov 2014 | Source : liberation.fr ... | dans Société

UMP. Plusieurs soutiens de l’ex-président, dont NKM, se sont ouvertement opposés à l’abrogation de la loi Taubira.   En politique, critiquer le «chef» s’apparente à un crime de lèse-majesté. Sa parole... Lire la suite >

Contre la théorie du complot : ce que l’on sait sur la mort d’Arafat

Contre la théorie du complot : ce que l’on sait sur la mort d’Arafat
Mar 18 Nov 2014 | Source : l'Obs ... | dans Autres Actus

Le dixième anniversaire de la mort de Yasser Arafat a été le prétexte à un nouvel assaut conspirationniste contre les faits. Sans rencontrer de réelle résistance, la théorie de l’assassinat s’est invitée dans tous les médias... Lire la suite >

Peut-on abroger la loi Taubira ?

Peut-on abroger la loi Taubira ?
Lun 17 Nov 2014 | Source : lefigaro.fr ... | dans Société

En mai 2013, la loi a ouvert le mariage et l'adoption aux couples de même sexe ? Nicolas Sarkozy s'est prononcé en faveur de cette abrogation et de l'instauration de deux régimes de mariage. La perspective d'une réforme divise les juristes. •... Lire la suite >

Burkina Faso: Michel Kafando nommé, et après?

Burkina Faso: Michel Kafando nommé, et après?
Lun 17 Nov 2014 | Source : RFI ... | dans Politique

Au Burkina Faso, Michel Kafando a été choisi ce lundi 17 novembre pour conduire la transition et préparer l'élection présidentielle dans un an après que la charte de la transition –  sorte de Constitution intérimaire – ait... Lire la suite >

Opéré de calculs rénaux, Pelé est sorti de l'hôpital

Opéré de calculs rénaux, Pelé est sorti de l'hôpital
Dim 16 Nov 2014 | Source : lefigaro.fr ... | dans Sports

LE SCAN SPORT - La légende du foot brésilien a quitté samedi l'hôpital de Sao Paulo où il avait été opéré pour calculs rénaux. Le peuple brésilien est rassuré. Après avoir connu un vent de panique mercredi... Lire la suite >

Magic Johnson livre ses secrets pour réussir

Magic Johnson livre ses secrets pour réussir
Dim 16 Nov 2014 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

L'ancienne star du basket, devenue milliardaire grâce à des affaires florissantes, a partagé ses recettes de businessman à Las Vegas. Le Point.fr y était. L'homme aime son image. À la seconde où il entre sur la scène de la conférence CA... Lire la suite >

Pourquoi Abdelaziz Bouteflika a choisi la clinique d'Alembert

Pourquoi Abdelaziz Bouteflika a choisi la clinique d'Alembert
Sam 15 Nov 2014 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

Le président algérien est hospitalisé dans le service de cardiologie et de maladies vasculaires. Or, Abdelaziz Bouteflika connaît bien le responsable du service. La clinique d'Alembert est l'un des trois sites (avec la clinique des Eaux-Claires et l'Institut... Lire la suite >

Livraison des Mistral : Moscou lance un ultimatum à Paris

Livraison des Mistral : Moscou lance un ultimatum à Paris
Sam 15 Nov 2014 | Source : l'Obs ... | dans Autres Actus

Nous attendrons jusqu'à la fin du mois, et ensuite nous présenterons nos sérieuses réclamations" financières, affirme une source russe. La France a jusqu'à fin novembre pour livrer un premier navire de guerre Mistral à la Russie si... Lire la suite >

Ebola : le FMI étudie un allègement de dette des pays touchés

Ebola : le FMI étudie un allègement de dette des pays touchés
Ven 14 Nov 2014 | Source : AFP ... | dans Economie

    Selon le Fonds monétaire international, l’épidémie ne sera pas sous contrôle avant la «seconde moitié» de 2015, alors qu’il tablait jusque-là sur le premier trimestre de l’année prochaine.   Le... Lire la suite >

Obama pourrait régulariser près de 5 millions de sans-papiers

Obama pourrait régulariser près de 5 millions de sans-papiers
Ven 14 Nov 2014 | Source : AFP ... | dans Autres Actus

L'information a été publiée par le New York Times. La Maison Blanche a démenti. Les conservateurs, furieux, préparent leur contre-attaque. Le président américain Barack Obama pourrait régulariser par décrets jusqu'à... Lire la suite >

CAN 2015: Qatar, Brésil... Rumeurs et vérités sur l'organisation

CAN 2015: Qatar, Brésil... Rumeurs et vérités sur l'organisation
Jeu 13 Nov 2014 | Source : RFI ... | dans Sports

La Confédération africaine de football (CAF) a officiellement dessaisi le Maroc de l'organisation de la CAN 2015, les autorités marocaines ayant réclamé le report de la compétition par peur d’Ebola. La CAF alimente involontairement les rumeurs les... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS