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« Au lieu d’organiser une élection, le Mali doit s’arrêter pour un diagnostic sans complaisance »


« Au lieu d’organiser une élection, le Mali doit s’arrêter pour un diagnostic sans complaisance »
Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, dans un bureau de vote à Bamako lors des élections municipales du 20 novembre 2016. | PHOTO: HABIBOU KOUYATE / AFP
Selon l’avocat Mamadou Ismaïla Konaté, le contexte sécuritaire, social et politique ne permet pas de garantir le bon déroulement du scrutin présidentiel prévu en juillet.
 
 
Tribune. Le principal indicateur de la vitalité démocratique d’un pays s’apprécie de nos jours à la tenue de scrutins à la date convenue. En démocratie, c’est l’élection qui fonde le pouvoir. C’est cet indicateur qui détermine les bailleurs de fonds dans leur coopération avec un Etat, même si celle-ci est également conditionnée au respect des équilibres budgétaires.
 
Sur ce plan, les Etats africains présentent le plus souvent des comptes de façade, mirobolants mais maquillés. La République démocratique du Congo (RDC), le Tchad, mais aussi la Mauritanie et plus récemment encore le Congo-Brazzaville ont été pris la main dans le sac. Les comportements des chefs d’Etat africains sont les mêmes selon qu’il s’agisse de la tenue des comptes de la nation que de l’organisation d’élections.
 
Le début des années 1990 a été marqué sur le continent par une vague de démocratisation, actant la fin des partis uniques et des présidences à vie. Des processus électoraux pluralistes ont permis des alternances symboliques. Le Mali n’a pas fait exception. Les scrutins ont été organisés, mais le respect de la date a davantage été pris en compte que la régularité et la fiabilité des résultats. Cela présage du sort des scrutins à venir, alors que le premier tour de la présidentielle est prévu le 29 juillet.
 
Pas le moindre signe d’apaisement
 
Le contexte du Mali de 2018 est marqué, comme en 2012, par un environnement sécuritaire particulièrement abîmé malgré la signature de l’accord d’Alger. Cet accord paraît désormais décalé tant ses prescriptions jurent avec la réalité du terrain. De nouveaux leaders émergent et semblent supplanter les figures initiales des groupes rebelles. Les caisses du Trésor public ont été utilisées pour financer l’accord et la rébellion, sans véritable contrepartie.
 
Le constat s’impose : la situation actuelle, délétère, ne donne pas le moindre signe d’apaisement. Comment organiser une présidentielle dans un tel environnement ? Comment acheminer et installer les urnes et toute la logistique électorale lorsque des bombes sautent et que des mines explosent ?
 
Par ailleurs, le contexte social n’est-il pas suffisamment mauvais pour prendre conscience que ce vote est impossible ? Coût de la vie, chômage, état d’esprit de la jeunesse à l’abandon et qui n’a que l’exode comme porte de sortie, absence d’infrastructures de base dans les zones rurales et dans le nord, corruption gangrenant la vie économique… Le décalage est patent entre les attentes des Maliens et les satisfecit exprimés par les pouvoirs publics.
 
Les dernières études sur le Mali réalisées par la fondation Friedrich-Ebert et par l’Afrobaromètre en disent long sur ces questions. On retrouve l’image d’un pouvoir déconnecté, fonctionnant en vase clos, incapable de parler avec les masses. Dans un tel contexte, ce sont près de 4 millions de personnes qui sont en « situation d’insécurité alimentaire modérée » si l’on en croit les chiffres officiels.
 
Quant au contexte politique stricto sensu, les choses ne sont pas plus brillantes. On trouve d’un côté les soutiens indéfectibles du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), plus que probable candidat à sa réélection, et de l’autre une opposition qui prône une union sacrée pour l’instant chimérique. Les principaux leaders-opposants en sont réduits à lorgner tout simplement le fauteuil présidentiel, pensant que surfer sur une vague anti-IBK suffit pour y parvenir.
 
A leurs côtés apparaissent de nouveaux acteurs politiques plus véhéments, s’exprimant principalement sur les réseaux sociaux. Ils ne sont pas toujours porteurs de propositions alternatives et n’ont pas de réelle prise sur les événements et les populations. Là encore, rien de neuf.
 
Les dangers d’une élection ratée
 
Situation sécuritaire plus que dégradée dans le nord du pays, dans le centre et au-delà. Fort risque d’affrontements communautaires souvent commandités, absence de leadership et de vision, perte de lien avec les populations, colère sourde de la rue… C’est dans un tel contexte que la communauté politique et les organisations de la société civile maliennes appellent à la tenue du scrutin présidentiel.
 
Que dit et fait la communauté internationale ? Elle assiste à la chose avec l’envie d’y croire, même si le représentant spécial du secrétariat général des Nations unies au Mali a exprimé comme un doute afin de mettre en garde les autorités contre les dangers d’une élection ratée. Les prémices de ce scénario sont déjà perceptibles, même si les voix officielles laissent entendre leur détermination à tenir le scrutin quoi qu’il advienne et quoi qu’il en coûte, alors que ce pays peine à préserver ne serait-ce que 10 km2 de « territoire de liberté absolue ».
 
L’élection, telle qu’envisagée, n’a de chance de se tenir plutôt régulièrement que dans les six communes de Bamako, et encore. Pour les tenants de l’organisation du scrutin, peu importent ces risques, dès lors qu’il est loisible à tous les candidats d’y prendre part. Pourvu qu’il y ait des urnes, des isoloirs, des bureaux de vote et des listes électorales, peu importent le nombre des électeurs qui viendraient à s’exprimer, leur qualité et leurs circonscriptions.
 
Les conséquences d’un scrutin mal organisé sont perceptibles par tous, sauf aux yeux des organisateurs. Elles sont pourtant aussi néfastes que son annulation. L’histoire électorale récente de notre continent est là pour nous instruire.
 
Et que signifie l’attitude de l’opposition malienne, qui, bien que sceptique quant à la capacité réelle des autorités à préparer convenablement l’élection, continue de mettre la pression sur le gouvernement pour qu’il l’organise par tous les moyens ? A croire qu’elle n’attend que d’acter le constat d’échec du pouvoir. Reste qu’à trop jouer avec le feu, l’opposition risque de se brûler et d’entraîner dans l’incendie toute la maison Mali.
 
Achat des voix manquantes
 
Il n’y a pas besoin de fournir beaucoup d’efforts pour imaginer le déroulement de l’élection et ses suites éventuelles. Ne parlons pas de la campagne, où l’on retrouvera le néant habituel : slogans creux émanant d’agences publicitaires recrutées à coups de millions, staffs incompétents mais courtisans, empoignades pathétiques entre candidats, porte-parole aux messages inaudibles, projection programmatique faible au vu de la situation du pays, discours à mille lieues des attentes des populations, critiques des ingérences française, européenne ou autres via un patriotisme dévoyé, sans oublier les reportages radiotélévisés démontrant que les conditions de vote seront impeccables et que tout sera prêt le jour J.
 
Tout le monde mettra le paquet sur les régions du centre riches en électeurs, et notamment les plus grands candidats. On sécurisera, bien sûr, quelques bureaux de vote dans le nord, dans lesquels on placera des observateurs « indépendants », nationaux ou internationaux. Face aux inévitables actions terroristes, on mettra en avant, fort à propos, quelques réussites des Forces armées maliennes, voire du G5 Sahel.
 
Mais peu importe puisqu’on achètera les voix manquantes à coups de francs CFA, l’essentiel étant d’être (ré)élu, même mal… Le dépouillement sera ou non contesté, on ergotera à n’en plus finir sur les taux d’abstention et de participation et, finalement, on aura un « vainqueur » et plusieurs « vaincus ». Ces derniers finiront par se liguer en vue d’organiser un lynchage verbal du vainqueur forcément mal élu à leurs yeux. Le vainqueur sera adoubé par ses partisans mais également par ses pairs du continent les plus acquis à sa cause. Les chancelleries se fendront du télégramme de circonstance.
 
On peut d’ores et déjà écrire le long discours d’investiture présidentiel qui rendra hommage à « nos frères et sœurs » tombés sur le champ de bataille, s’attaquera aux multiples maux rongeant le pays, évoquera la paix et la stabilité, le tout dans un verbe inaccessible au commun des Maliens. Mais peu importe puisqu’on a été (ré-)élu… Un gouvernement pléthorique, où l’allégeance primera une fois de plus sur la compétence, sera formé. Et quasiment rien ne changera malgré les effets d’annonce. Le Mali continuera au mieux de stagner, au pire de s’enfoncer dans le marasme. Vu le contexte, les investisseurs bouderont toujours et les bailleurs de fonds resteront plus que méfiants. Et les Maliens ?
 
Faut-il donc tenir, envers et contre tout, ce scrutin dans un pays troublé à l’extrême, incapable de supporter dans son état actuel les conséquences désastreuses d’une élection bâclée ? Plutôt que d’organiser une élection en juillet, cette nation a besoin de s’arrêter un moment pour un diagnostic sans complaisance ; que ce diagnostic donne lieu à une offre de solutions et de remèdes largement partagée et acceptée ; et que cette thérapie dure le temps qu’il faut pour guérir un grand corps malade.
 
Toutes les bonnes volontés engagées dans une telle perspective devraient convenir des termes d’un pacte républicain et patriotique. Ce dernier aura pour mission de régler les questions sécuritaires, institutionnelles et politiques dans le cadre d’une courte phase de transition confiée à des personnalités faisant l’unanimité dans le pays, voire au sein de la région. Ceci permettrait d’avoir une élection digne de ce nom et d’éviter les dérives probables et l’éventuel chaos post-29 juillet.
 

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