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Guinée - Cellou Dalein Diallo : « La rue nous coûte très cher »


Guinée - Cellou Dalein Diallo : « La rue nous coûte très cher »
Cellou Dalein Diallo est président de l'UFDG depuis 2007. Il symbolise très fortement l'opposition guinéenne actuelle. | PHOTO: Agnès Faivre
ENTRETIEN. Depuis plus d'un mois, la Guinée est en proie à une forte agitation sociale et politique sur fond d'insuffisances économiques. Le chef de file de l'opposition guinéenne en évoque les tenants et les aboutissants, les enjeux aussi.
 
Journée ville morte ce mardi, marche des femmes de l'opposition mercredi, marche pacifique jeudi… C'est encore une semaine houleuse qui s'annonce dans les rues de Conakry, la capitale guinéenne. Cet agenda a été dévoilé samedi dernier, lors de l'assemblée générale hebdomadaire de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le premier parti d'opposition. Leur chef de file, Cellou Dalein Diallo, a appelé ses militants à « maintenir le cap ».
 
Depuis la proclamation des résultats des élections locales du 4 février, l'UFDG et plus d'une dizaine d'autres partis de l'opposition exigent une révision des résultats, qu'ils estiment truqués. Ils réclament aussi justice pour les victimes de manifestations politiques et de grèves. L'UFDG en dénombre 94 depuis 2011. « Les victimes d'Alpha Condé », gronde Cellou Dalein Diallo face à une assemblée de plusieurs centaines de militants, avant de nuancer : « La contestation n'est pas dirigée contre une personne, mais contre des pratiques. »
 
Candidat malheureux aux présidentielles de 2010 et de 2015, celui qui a occupé divers postes ministériels avant de devenir Premier ministre (2004-2006) sous la présidence de Lansana Conté a accepté de se confier au Point Afrique. Il explique les raisons de sa détermination à investir la rue, cette semaine encore, évoque le bilan de celui qu'il appelle « Mr Alpha Condé » et livre sa vision du développement économique de la Guinée.
 
Le Point Afrique : lors de la dernière assemblée générale de l'UFDG, vous avez appelé vos manifestants à « maintenir le cap ». La stratégie est-elle donc de poursuivre les mobilisations ?
 
Cellou Dalein Diallo : oui, nous voulons mettre un terme à la fraude électorale qui nous a causé préjudice. Lors des élections, on s'investit, on dépense de l'argent, on dépense de l'énergie, on réussit finalement à convaincre des électeurs, et puis Mr Alpha Condé s'arrange pour confisquer nos suffrages ou les annuler, et se déclarer vainqueur. C'est ce qui s'est passé lors de la présidentielle de 2010, aux législatives de 2013, et lors de la présidentielle de 2015 où il a organisé ce qu'il a lui-même appelé « un coup K.-O. ». Cette fois-ci, l'UFDG s'est organisée pour limiter les fraudes au niveau des bureaux de vote en déployant de jeunes cadres bien formés, notamment dans la capitale, et en leur demandant de rapporter une copie des procès-verbaux à l'issue du dépouillement. Lorsque le pouvoir s'est rendu compte qu'il avait perdu dans les bureaux de vote, il a décidé de se rattraper au niveau des commissions administratives de centralisation des votes. C'est là qu'on a vu une annulation injustifiée de procès-verbaux dans des zones où l'UFDG gagnait largement.
 
Selon vous, les résultats officiels ne correspondent-ils pas à la somme des résultats obtenus dans chaque bureau de vote ?
 
Oui. On a compris que les résultats ont été rehaussés pour le RPG Arc-en-ciel (Rassemblement du peuple de Guinée, parti au pouvoir) dans certains bureaux de vote, et minimisés pour l'UFDG. Donc on exige qu'ils prennent en compte les vrais résultats.
 
Maintenir le cap, alors qu'une partie de la population se dit « fatiguée » par ces manifestations récurrentes, ne crée-t-il pas un dilemme ?
 
C'est un choix difficile. D'un côté, la Constitution nous donne le droit de manifester et, de l'autre, les forces de défense et de sécurité répriment dans le sang ces manifestations. En allant manifester, on sait donc qu'on court un risque de se faire tuer. Mais on ne peut pas accepter que nos droits soient violés, que les élections ne soient pas organisées aux échéances prévues et que, lorsqu'elles se tiennent, on truque les résultats. Les militants sont déterminés à se battre pour que les résultats publiés soient conformes aux résultats obtenus dans les bureaux de vote.
 
Les mobilisations de l'opposition intègrent généralement une journée « ville morte », durant laquelle l'économie tourne au ralenti. Cela pèse-t-il dans la balance au moment de décider de poursuivre la contestation ?
 
Oui, bien sûr. De bonnes volontés viennent nous voir pour nous demander d'arrêter les manifestations en nous disant que ce n'est pas bon pour l'économie, pour la société, ou pour nos manifestants qui risquent de se faire tuer. Mais nous répondons que Mr Alpha Condé doit arrêter de confisquer les suffrages de ses concurrents et dire aux forces de défense et de sécurité d'arrêter de tuer des manifestants. C'est le prix à payer si on veut préserver la paix. On n'obtient pas la paix en exhortant à la paix ou en rappelant ses avantages et ses vertus. On obtient la paix par la justice et par le respect du droit des autres.
 
© Agnès Faivre
 
Vous dénombrez 94 morts depuis 2011 dans des manifestations de l'opposition ou des grèves. Que sait-on des circonstances de ces décès ?
 
Les policiers et les gendarmes font usage de leurs armes à feu contre des manifestants. Même si on sait que ces manifestants sont parfois les premiers à leur jeter une pierre, ce n'est pas la sanction adaptée. On peut les poursuivre et les juger pour le délit qu'ils ont commis, mais on ne peut pas tirer à bout portant sur quelqu'un sans être poursuivi, ni même écoper d'une sanction administrative. On pourrait considérer qu'il s'agit d'une bavure si cela concernait deux ou trois personnes. Mais 94 personnes, c'est inacceptable, surtout quand on sait qu'aucune d'entre elles n'a eu droit à une commission d'enquête ou à la compassion des autorités de ce pays. Nous protestons donc aussi pour réclamer justice pour ceux qui sont morts et pour demander qu'on mette fin à l'usage des armes à feu pendant les manifestations pacifiques. Nous souhaitons enfin qu'une commission d'enquête internationale identifie les auteurs de ces crimes. Car, aujourd'hui, Mr Alpha Condé a tendance à dire que ce sont les opposants qui s'entretuent.
 
Ne faut-il pas mettre un terme à la mobilisation pour éviter de nouvelles pertes humaines ?
 
Manifester est un droit, tuer est un crime puni par la loi. Pourquoi ne punit-on pas ceux qui violent la loi ? Pourquoi ne respecte-t-on pas le calendrier électoral ? Les législatives devaient être organisées en mars 2011. Mr Alpha Condé a refusé de les organiser. Nous avons dû protester, et ces manifestations ont été réprimées dans le sang. Est-ce qu'on doit renoncer à nos droits, et notamment au droit à des élections justes et transparentes ? La responsabilité se situe du côté du pouvoir. Nos manifestations sont autorisées par la Constitution. On exerce ce droit quand aucun autre recours ne marche. Chaque fois qu'un dialogue est proposé, nous participons pour tenter d'aplanir nos différends autour de la table et d'éviter d'aller dans la rue. La rue nous coûte très cher.
 
Des négociations ont lieu entre l'opposition et le pouvoir à propos des élections locales, parallèlement à cette pression de la rue. Comment caractériseriez-vous vos relations et que préconisez-vous pour les améliorer ?
 
C'est une relation conflictuelle. Nous suggérons le dialogue. Mais il faut que le pouvoir prenne ses responsabilités, et le président de la République doit respecter son serment et ses obligations telles que définies par les lois de la République. Le conflit vient de là.
 
Quel bilan tirez-vous des accords politiques conclus en octobre 2016 entre l'opposition et le pouvoir ?
 
Le seul point qui a été appliqué, c'est la tenue des élections locales, initialement prévues en 2010. Et encore, elles n'ont pas eu lieu à la date prévue dans les accords, février 2017, mais en février 2018, et surtout après qu'on a organisé des manifestations. Tous les autres points ne sont pas appliqués. Le gouvernement s'était engagé à diligenter des enquêtes pour identifier les auteurs de crimes contre des manifestants, mais également, dans un esprit d'apaisement, à indemniser des victimes des manifestations de l'opposition. Il s'était engagé à mettre en place la Haute Cour de justice, habilitée à juger des membres du gouvernement. L'accord intégrait aussi une réforme de la Ceni avec un audit du fichier électoral. Rien de tout cela n'a été fait.
 
Au fond, vous contestez dans la rue la légitimité du président Alpha Condé.
 
Sa légitimité est dans une large mesure contestable. Lors de la présidentielle de 2010, il a obtenu 18 % au premier tour et moi j'ai obtenu 44 % des suffrages. Il a ensuite fallu attendre quatre mois et demi pour organiser un deuxième tour, une mascarade électorale à l'issue de laquelle il a été déclaré vainqueur. Les problèmes résultent de ce déficit de légitimité. Il ne peut mener aucune réforme difficile, car il manque de soutiens.
 
Quel bilan tirez-vous de la gestion du pays par Alpha Condé ?
 
Si je regarde les points qui m'intéressent – les droits humains, la démocratie –, le pays a reculé. En matière de développement, il n'y a pas eu de progrès visibles. Les conditions de vie des populations ne se sont pas améliorées et les infrastructures se sont détériorées. En termes d'État de droit, le pays a reculé. Il n'y a pas de transparence dans la gestion des affaires, pas de respect des lois. Cela peut certes s'expliquer par l'épidémie du virus Ebola, par la chute des cours des matières premières, par toute une série de facteurs externes et internes, mais les résultats ne sont pas là. Mr Alpha Condé gère le pays comme son entreprise personnelle.
 
Ne retenez-vous rien de positif ? L'accès à l'énergie, par exemple, s'est accru en Guinée depuis 2010 ?
 
On peut dire qu'un barrage a été construit. Mais à quel prix ? En 2011, la société brésilienne Asperbras, introduite, semble-t-il, par le fils d'Alpha Condé, a obtenu le marché par entente directe, alors qu'un processus d'appel d'offres avait été lancé. Mais l'entreprise n'a pas pu réaliser le projet dans les six mois de délai prévus dans le contrat. Trois ans plus tard, l'État a rompu le contrat sans se faire indemniser, et a donné des marchés de fournitures d'énergie à des proches du président, à des prix qui ne correspondaient pas à la réalité. Tout cela fait que l'énergie est très chère et qu'il y a aujourd'hui un déséquilibre budgétaire qui a pour origine les fortes subventions attribuées au secteur de l'électricité. Le manque de transparence dans l'octroi des marchés publics, qui se fait le plus souvent de gré à gré, est donc préjudiciable aux populations, et à l'État.
 
Certains indicateurs ont toutefois progressé ces deux dernières années : la Guinée a enregistré une hausse de sa croissance économique (estimée à 6,7 % en 2017 par le FMI), elle a aussi regagné des places dans le classement Doing Business de la Banque mondiale…
 
Tout d'abord, cette croissance est portée par l'exploitation de la bauxite. Pourquoi ? Car l'Indonésie a cessé en 2014 d'exporter sa bauxite vers la Chine, qui produit près de 60 % de l'aluminium consommé dans le monde. Les Chinois se sont donc tournés vers la Guinée pour alimenter leurs raffineries. Mais la Guinée a complètement renoncé à la transformation de cette matière première en alumine, alors que le pays en a l'expérience ! La première usine d'alumine sur le continent africain se trouve en Guinée, à Fria, et elle a été construite par Pechiney à la veille de l'indépendance. Nous aurions donc pu améliorer la croissance en nous orientant davantage vers l'industrialisation.
 
Par ailleurs, cette croissance contribue-t-elle à réduire la pauvreté ? Cela n'a rien d'évident. La Guinée a pour objectif d'exporter 70 millions de tonnes de bauxite par an, mais, si ce minerai était transformé sur place, imaginez le nombre d'emplois créés. Fria (usine qui s'apprête à rouvrir après sa fermeture en 2012, NDLR) transformait environ 2 millions de tonnes de bauxite et cela créait 3 200 emplois, dont 1 200 emplois directs. La Guinée aurait donc pu tirer avantage de cette richesse, mais, malheureusement, Mr Alpha Condé était pressé et, sous l'effet aussi de la corruption, il a préféré signer des conventions qui permettent aux sociétés étrangères d'extraire et d'exporter la bauxite, sans que des infrastructures modernes soient construites et que le pays s'engage dans un processus d'industrialisation.
 
Nombre de conventions signées intègrent pourtant des projets de transformation de la bauxite en alumine, mais faut-il aussi des investissements pour pouvoir les réaliser ?
 
Il faut partager avec les Chinois la transformation de la bauxite. Il faut dire : « Voilà, vous avez besoin de 60 millions de tonnes, on transforme 30 millions ici et 30 millions chez vous, dans une première phase. » Si le gouvernement était ferme, on aurait pu transformer une partie de cette bauxite. Cela ne requiert pas autant d'énergie que la transformation d'alumine en aluminium. Mais c'est plus facile d'exporter que de transformer.
 
La Guinée n'a pas que des matières premières minérales. Pourquoi l'agriculture ne joue-t-elle pas un rôle plus important dans le développement ?
 
Par manque de politique appropriée. Pour développer l'agriculture, il faut avoir une agriculture compétitive, il faut un package. On a tendance à ne voir qu'une seule contrainte. Mr Alpha Condé dit qu'« il faut des engrais » et, avant lui, le président Lansana Conté disait qu'« il faut importer des tracteurs », alors qu'il faut des aménagements, des engrais, une modernisation des outils, l'amélioration des semences, de l'accès au crédit, un encadrement pour les petits paysans.
 
Cela demande aussi d'étudier les contraintes géophysiques de chaque région et de réfléchir à des politiques qui permettent de lever ces contraintes pour que l'agriculture génère plus de revenus et intéresse. Il faut encore regarder dans quel secteur la Guinée a des avantages comparatifs sur les marchés national, régional et international. Est-ce le coton, l'anacarde, le palmier à huile, le riz, le café, les agrumes ? Il faut enfin veiller à fixer les populations dans les villages. Les candidats à l'émigration sont nombreux, mais ceux qui quittent les villages pour les villes sont aussi très nombreux.
 
Vous dénoncez régulièrement des pratiques de corruption au sein de l'État. Comment améliorer la gouvernance ?
 
Moi, si je suis président de la République, je veux faire de la lutte contre la corruption un objectif en faisant en sorte que les décisions soient prises dans la transparence, que les règles du jeu soient claires, qu'il n'y ait pas de distorsions dans la concurrence et que la justice soit indépendante.
 
Mais n'est-ce pas que disait aussi Alpha Condé avant d'arriver au pouvoir ?
 
Mais nous ne sommes pas les mêmes. J'aurai la volonté politique de faire ce changement. J'ai déjà montré mon attachement au respect de la loi. J'ai été ministre, j'ai été Premier ministre. Tout le monde sait que, quand je suis arrivé aux affaires, j'ai fait de la lutte contre la corruption un objectif majeur de ma politique. Lorsque j'étais ministre des Travaux publics, je veillais à ce que la transparence la plus absolue soit de rigueur dans l'octroi des marchés, conformément au cahier des charges. Tout le monde me reconnaît cela, y compris les partenaires, les bailleurs de fonds qui finançaient les projets dans le secteur et qui étaient tenus de faire des appréciations sur ma gestion, qu'il s'agisse du Fonds européen de développement, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement ou de la Banque islamique de développement. Je veillais à l'exécution des projets de développement dans le respect des budgets et des délais. Je ne vais donc pas intervenir en faveur d'un ami. Je suis capable de faire ces changements en donnant l'exemple.
 
Vous faites partie du bureau exécutif de l'Internationale libérale, dont vous êtes le deuxième vice-président. Quel sens donnez-vous au libéralisme, et comment se traduit-il, selon vous, en politiques publiques dans le contexte de l'économie guinéenne ? Car se dire libéral ne revêt certainement pas le même sens selon qu'on est en Europe, en Amérique du Nord ou du Sud ou en Afrique.
 
En effet, ce n'est pas la même chose. Les contraintes à lever pour faire de nos États des pays émergents ne sont pas les mêmes que dans un pays développé. Le libéralisme ici commandera que l'État intervienne davantage. On a parlé des paysans. Ils ont besoin d'aide. Ils ne peuvent pas se prendre en charge seuls et mener de façon efficace et rentable les activités agricoles. La recherche, la connaissance du sol, de ses besoins, le choix de semences, la réalisation des aménagements… Tout ça, c'est le rôle de l'État. Bien sûr, il faut accorder une liberté aux entreprises. Mais il y a des secteurs qu'on ne peut pas laisser aux mains du secteur privé, car ce ne sera pas efficace économiquement. Les partenariats public-privé, qui fonctionnent bien ailleurs, sont plus difficiles à mettre en place dans nos pays. Lorsque vous devez faire un forage dans un village, construire une route, il faut évidemment faire des calculs, mais il ne faut pas refuser de faire un forage pour un village de dix personnes au motif que ce n'est pas rentable. Dix personnes, c'est dix vies. Si elles n'ont pas accès à l'eau potable, il y a un risque que ce petit hameau disparaisse.
 
L'Etat doit aussi favoriser la liberté d'entreprendre. Un étudiant qui vient de terminer ses études et qui a une idée de projet trouve difficilement de l'aide. On peut mettre en place un fonds d'étude pour s'assurer de la viabilité technique de son projet. S'il n'a pas de fonds propres, on sait qu'il va avoir aussi des problèmes pour obtenir un crédit auprès des banques. L'État peut donc aussi mettre en place un fonds de garantie. Ces types d'interventions de l'État restent nécessaires dans une économie sous-développée, sinon elle va perdre l'opportunité de créer une entreprise qui peut être performante et contribuer à la création de valeur ajoutée.
 
La relation sino-guinéenne est ancienne, mais le partenariat économique avec la Chine s'est particulièrement renforcé récemment. Est-ce une bonne chose pour la Guinée ?
 
Effectivement, la Chine a toujours été un partenaire important de la Guinée. Au sud du Sahara, il me semble que nous avons été les premiers à reconnaître la République populaire de Chine. Moi-même, j'y suis allé, notamment en tant que ministre. Je pense que c'est un pays avec lequel il faut coopérer. La difficulté, c'est l'insuffisance de la transparence. Il faudrait aussi pouvoir instaurer un minium de concurrence entre les sociétés chinoises. Lorsque la Chine finance un projet de développement et tient à ce que ses entreprises exécutent ce projet, il faut voir si une concurrence peut jouer. Même si on a souvent affaire à des entreprises d'État et que la concurrence est plus limitée, le fait de demander à plusieurs entreprises de proposer leur prix peut contribuer à baisser le coût du projet et l'endettement de l'État.
 
La Chine et la Guinée se sont entendues en septembre 2017 sur un accord-cadre portant sur un prêt de 20 milliards de dollars sur vingt ans. Y at-t-il un risque d'endettement de la Guinée vis-à-vis de Pékin ?
 
Dès lors que l'argent emprunté est utilisé pour organiser un projet économiquement rentable, c'est positif. Le problème de la dette, c'est d'emprunter pour des projets qui ne favorisent pas la génération des revenus nécessaires au remboursement de la dette. Donc on investit dans de bons projets à la crédibilité avérée, cette ligne de crédit proposée par les Chinois ne pose pas de problèmes. La crise de la dette naît de la mauvaise utilisation des montants empruntés par les États emprunteurs, si bien que l'essor économique n'est pas au rendez-vous et qu'on n'a donc pas les moyens de rembourser les créanciers.
 
Faut-il renforcer aussi les partenariats avec d'autres pays du continent africain ?
 
C'est souhaitable, mais le problème qu'on a pour promouvoir la coopération entre pays africains est que nos économies ne sont pas complémentaires. Nous sommes très nombreux à exporter de la matière première, et à importer des produits manufacturés. 16 % du commerce extérieur de l'Afrique s'effectue avec d'autres pays du continent. Cela reste faible, car l'industrialisation est lente, et chacun d'entre nous importe les mêmes produits d'Europe ou d'Asie : riz, huile, concentré de tomates, lait, etc. Tout cela ne favorise pas le commerce intra-africain.

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