Le Premier ministre britannique a annoncé un plan pour freiner l'afflux d'immigrés. Et met dans la balance l'avenir du Royaume-Uni dans l'UE.
L’alarme sonne, persistante, agaçante dans le hangar de l’usine. Imperturbable, David Cameron poursuit son discours. Avant soudain de s’interrompre. «Voilà qui a clairement déclenché les alarmes à la Commission européenne», lance-t-il, hilare. Dans cette usine de Rochester, dans les West Midlands, en plein cœur industriel du pays, le Premier ministre britannique prononçait ce vendredi un discours sur l’immigration attendu depuis des mois, par l’aile droite de son parti conservateur, par les électeurs en général et par ses partenaires européens.
La veille du discours, il avait d’ailleurs appelé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Les ambassadeurs européens à Londres avaient été invités à écouter le discours dans les locaux du Foreign office (ministère des Affaires étrangères), avant de recevoir une brève explication de texte de David Lidington, ministre britannique à l’Europe.
David Cameron s’est livré à un délicat exercice d’équilibriste pour ménager les humeurs au sein du Royaume-Uni - celles des eurosceptiques et notamment du parti europhobe du Ukip, dont il n’a pas prononcé le nom - et celles au-delà des frontières, chez les vingt-sept autres membres de l’Union européenne. Alors que ses propos ont essentiellement concerné l’immigration intra-européenne, il n’est pas sûr qu’il ait réussi à convaincre tant les uns que les autres.
Son discours a presque surpris. D’abord par un ton plutôt positif vis-à-vis de l’immigration en général, de ses bienfaits au cours de la longue histoire du Royaume-Uni. «Nous sommes la Grande-Bretagne, grâce à l’immigration, pas en dépit de l’immigration», a-t-il ainsi déclaré avec emphase. Avant de pointer le doigt droit dans la caméra pour assener : «le tout est de la contrôler».
Les chiffres publiés jeudi par l’Office national des statistiques (ONS) ont en effet souligné la forte augmentation de la migration nette. Le solde positif migratoire, toutes nationalités confondues, s’établit en 2014 à 260 000, soit une augmentation de 39% par rapport à l’année précédente. Et cette croissance est particulièrement spectaculaire depuis les pays d’Europe de l’Est et notamment depuis la Roumanie.
Immigration au Royaume-Uni : le solde migratoire
Royaume-Uni : l'immigration bulgare et roumaine depuis 2007
David Cameron a reconnu que la forte attraction du Royaume-Uni était liée à «la croissance économique la plus forte des pays du G7», à un chômage bas, à un système généreux et mal contrôlé d’allocations. «A l’heure actuelle, le Royaume-Uni est l’usine à emplois de l’Europe», a-t-il dit, en opposition à une «zone euro très affaiblie».Pourtant, après avoir agité pendant des mois l’idée d’imposer des quotas à l’entrée des immigrés en provenance de l’UE, David Cameron s’est finalement dit en «faveur du principe de libre-circulation des travailleurs au sein de l’Europe, un élément clé de l’appartenance à un marché unique».
Il faut dire qu’Angela Merkel notamment avait clairement laissé entendre qu’une telle idée représentait une ligne rouge à ne pas franchir. Du coup, plutôt que de fermer les frontières, le Premier ministre britannique envisage de décourager les candidats à l’immigration. La première des mesures annoncées consiste à réclamer à un candidat à l’immigration en provenance d’un pays de l’UE la preuve qu’il dispose d’une offre d’emploi, avant d’entrer dans le pays. Puis, si après six mois ce candidat n’avait pas d’emploi, il serait alors enjoint de repartir. Par ailleurs, les allocations chômage, logements, familiales ou les crédits à l’impôt ne seront pas accessibles avant d’avoir passé quatre années dans le pays. Et les allocations familiales pour des enfants restés dans le pays d’origine ne seront plus versées.
Vis-à-vis de ses voisins européens, David Cameron a voulu se montrer conciliant, en expliquant que ces mesures auraient un bénéfice pour l’ensemble de l’Europe. Il a admis qu’elles nécessiteront sans doute quelques ajustements dans les traités européens, mais s’est dit confiant de pouvoir négocier. «Il s’agit d’idées britanniques qui font partie du débat, elles devront être examinées sans drame et discutées calmement et avec attention, a commenté Margaritis Schinas, porte-parole de la Commission européenne. Nous devons voir ce qui peut être fait sans fermer de portes.»
Le premier objectif de David Cameron était de gagner du temps avant les élections générales prévues au début du mois de mai. «Si vous m’élisez en mai prochain, je négocierai pour vous», a-t-il ainsi lancé aux Britanniques. Ensuite, et ensuite seulement, se penchera-t-il vraiment sur toutes ces questions avant de proposer un référendum sur le maintien ou non du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne en 2017. Alors qu’il a encore, au sein du discours, réitéré son attachement à un Royaume-Uni membre de l’UE, il a aussi lâché une dernière concession aux eurosceptiques. Si ces négociations devaient «tomber dans l’oreille d’un sourd, alors je n’exclue rien, absolument rien», a-t-il. En «n’excluant rien»,David Cameron n’a jamais été aussi proche de dire qu’il pourrait finalement un jour faire campagne en faveur d’une sortie de l’Union européenne.
Les 15 premières provenances des immigrés au Royaume-Uni en 2014
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