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Mahamat-Saleh Haroun : "Pourquoi j'ai dit oui à Déby"


Mahamat-Saleh Haroun :
Mahamat-Saleh Haroun au Festival de Cannes en 2014. | PHOTO: Anadolu Agency/ Mustapha Yalcin
ENTRETIEN. Le cinéaste vient d'accepter le ministère du Développement touristique, de la Culture et de l'Artisanat, lors du dernier remaniement du gouvernement tchadien.
 
Dans son dernier remaniement ministériel, dimanche 5 février, le président Idriss Déby Itno a annoncé l'arrivée à son gouvernement du cinéaste tchadien Mahamat-Saleh Haroun, prix du jury au Festival de Cannes 2010 pour Un homme qui cri e, et dont le documentaire Hissein Habré, une tragédie tchadienne vient d'être diffusé sur Arte. Le réalisateur, dont le premier roman va paraître le 2 mars chez Gallimard (Continents noirs), répond au Point Afrique sur les raisons de son engagement alors que 2017 marquera encore pour lui la sortie de son nouveau long-métrage à l'automne avec Sandrine Bonnaire et Ériq Ebouaney. Il explique sa mission au Point Afrique.
 
Le Point Afrique : La proposition du président Déby vous a-t-elle surprise ou est-elle le fruit d'une relation au long cours ?
 
Mahamat-Saleh Haroun : Ce n'est pas une surprise pour moi, même si je n'avais jamais songé jusque-là à entrer au gouvernement. Depuis le Festival de Cannes 2010, où mon film a forcément retenti sur le Tchad, le président m'avait approché et demandé de prendre en charge la création d'une école de cinéma. Depuis, la rumeur a fait régulièrement circuler mon nom au Tchad pour le ministère de la Culture.
 
Pourquoi ce projet d'école de cinéma à N'Djamena n'a-t-il pas vu le jour ?
 
Il a traîné, notamment du fait de l'entourage où tout le monde n'était pas favorable, n'y voyant pas leur intérêt. Et puis, il y a eu la crise, qui sévit encore, ça ne facilite pas les choses.
 
Pourquoi cette proposition présidentielle arrive-t-elle maintenant ? Y voyez-vous un lien avec votre dernier documentaire, qui implique directement votre travail dans la relecture de l'histoire du Tchad sous Hissein Habré ?
 
Je ne vois pas de connexion avec ce travail, mais plutôt avec le parcours personnel du président qui a pu, durant sa présidence de l'Union africaine, visiter beaucoup de pays et prendre conscience de l'importance de la culture, et du tourisme. Cet aspect est important à développer au Tchad qui a deux sites classés patrimoine de l'Humanité : les lacs d'Ounianga et le massif de l'Ennedi. Je pense qu'il a compris que la culture ne pouvait pas rester uniquement entre les mains de personnes qui n'ont pas la connaissance de ce domaine. Je n'ai qu'à m'en tenir au nombre d'appels reçus depuis dimanche, et pas seulement d'amis, pour mesurer l'importance pour le monde de la culture tchadien de l'arrivée pour la première fois dans ce département de quelqu'un qui a le curriculum vitae correspondant au poste et qui connaît leurs problèmes. La seule exception est l'époque où Khayar Oumar Défallah, le comédien qui jouait le rôle du grand-père dans mon film Daratt - Saison sèch e ( 2006 ) fut ministre de la Culture.
 
Pourquoi avez-vous accepté ? Toutes les réactions se font entendre : certains se demandent si vous aviez besoin d'argent ? Si le pouvoir ne se refuse pas ? Voire quels arrangements seraient derrière votre accord ?
 
Je vous rassure : je gagne plus d'argent en faisant mon métier de cinéaste. De quels arrangements voulez-vous parler ? Je ne suis pas un opposant pour qu'on s'arrange avec moi. Je suis un simple citoyen de la société civile et j'ai accepté la mission qu'on m'a proposée. C'était tout réfléchi de mon côté pour pouvoir donner mon accord de principe au bout du fil. Si avec les relations que j'ai pu tisser à l'international je peux apporter un petit coup de pouce à une jeunesse désireuse de s'exprimer par la culture, celle que je vois chaque fois que je suis au Tchad. Je pense que les créateurs tchadiens ont besoin de connexion avec l'extérieur, mais aussi de l'intérieur, car le pays est enclavé à plusieurs titres. Le pays a une scène de danse contemporaine importante, et un festival consacré au livre. Mon but est de pérenniser ce qui existe, de donner des moyens pour trouver des débouchés, de faire en sorte qu'on vive plus décemment de son art, et de professionnaliser le milieu, notamment celui du cinéma, en travaillant aussi sur les droits d'auteur, les barèmes, etc. en toute transparence. Le président m'a promis « les moyens » d'accomplir ma mission, je n'ai pas encore de chiffres. Et je tâcherai bien sûr de les répartir sur toutes les disciplines.
 
Ne risquez-vous pas, à l'instar d'autres « diaspo » puisque vous vivez en France depuis vos études de journalisme à Bordeaux (depuis 1982), d'être mal reçu en retournant de cette façon au pays natal ?
 
Dans mon cas, le terme de diaspora est mal utilisé, en tout cas il ne me concerne pas. Toute ma famille est au Tchad, je parle l'arabe tchadien, je suis au pays tous les deux mois. Je suis un immigré en France qui ne s'est jamais senti étranger au pays natal. La vraie difficulté qui m'attend, je pense, est celle de faire face à des pratiques ancrées, conservatrices, alors que je souhaite faire bouger les lignes et faire fi des intérêts personnels. C'est un beau combat.
 
Combattre au service d'un président indéboulonnable depuis 1990, vous qui avez dressé le tableau d'une dictature précédant le pouvoir sans partage de Déby ne vous a pas posé un seul instant question ?
 
Je voyais depuis longtemps le président de la République, je pense que ceux qui osent la comparaison entre Habré et Déby font injure aux dizaines de milliers de victimes qui ont subi les pires tortures dans les prisons de la DDS, et à ceux qui, depuis 1990, peuvent s'exprimer librement. L'aveuglement est extraordinaire, si ça me posait un problème vous imaginez que je n'aurais jamais répondu à cette offre.
 
Parmi les doutes quant aux violations des droits de l'homme au Tchad, arrestations, disparitions d'opposants, on trouve un de vos homonymes, l'ancien chef de l'opposition, Ibni Oumar Mahamat-Saleh, disparu en février 2008, donné pour mort et dont le corps n'a jamais été retrouvé. Avez-vous un rapport avec lui ? Et quoi qu'il en soit, son cas, parmi d'autres, ne vous émeut-il pas ?
 
Nous n'avons pas de lien de parenté. Et il se trouve que sa disparition a eu lieu pendant la guerre civile, que j'ai vécue puisque j'étais sur place, en tournage, en 2008, que je suis tombé sur les rebelles et aurais pu d'ailleurs être pris entre leurs mains avec les Français que j'ai dû ramener à la base militaire française. Ceux qui s'intéressent de près à ces affaires peuvent venir enquêter en profondeur, je ne sais rien de plus. Mais je préférerais ce type d'approche plutôt que de colporter des informations avec une certaine forme de mépris. Les contextes les plus difficiles ne m'ont pas empêché de faire un parcours intéressant dans le cinéma. Et c'est pour cela que j'accepte ce poste ; pour aider des jeunes, comme moi à l'époque, à faire des films. Depuis les milieux parisiens, une certaine posture concernant l'Afrique bloque toute possibilité du politique. On ne peut donc pas modifier les choses de l'intérieur en tant que Tchadien ? La désespérance est telle qu'il ne faudrait pas même essayer ? Moi, je ne veux pas crever sans avoir fait quelque chose pour les générations à venir. Allumer une bougie, apporter sa part de lumière me semble important. Sinon qui va se mettre les mains dans le cambouis ? Il y a ceux qui attendent qu'un jour Dieu ou je ne sais qui leur apporte le pouvoir politique parfait pour enfin venir s'asseoir à la table. Je ne suis pas de cette race-là. Je fais la différence entre la posture du rebelle, qui se tient à l'écart du monde et ressasse les mêmes litanies, et celle qui consiste à s'engager pour négocier avec la réalité et espérer pouvoir un tout petit peu changer les choses…
 
Que vous inspirent ces autres créateurs qui ont pris ce parti du retour au service de l'État, je pense par exemple à Abderrahmane Sissako en Mauritanie.
 
Je ne sais pas ce que fait ce cinéaste sur place. Moi, je le croyais malien…
 
Vous avez plusieurs actualités au programme de 2017, dont Une saison en France avec Sandrine Bonnaire, une manière de dire que vous n'allez pas vraiment, du jour au lendemain, rompre avec votre carrière de cinéaste ?
 
En effet, je vais commencer par une période d'aller et retour au pays, en ménageant les deux, puisque le film sur les réfugiés politiques, dont je poursuis le montage, sortira à l'automne et doit être accompagné bien sûr d'une tournée. Tout comme mon roman Djibril ou Les ombres portées, qui sort le 2 mars.
 
Quelle en est l'histoire ?
 
En quelques mots, celle d'un enfant de la rue qui ne sait pas comment il a atterri là et devient en quelque sorte, le diariste de la vie quotidienne d'Abéché dans les années 1980.
 
Et ensuite, le ministre prendra-t-il toute la place ?
 
Je reste un cinéaste, qui devient ministre. Le scénario de mon prochain film est bouclé, il se tournera au Tchad, dans le désert de l'Ennedi. C'est un film fantastique…

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