NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

Le climat de violences en Ethiopie fait douter les investisseurs


 Le climat de violences en Ethiopie fait douter les investisseurs
Des Ethiopiens Oromo, Amhara et Ogaden manifestent contre Addis-Abeba à Johannesburg, en août 2016. | PHOTO: GULSHAN KHAN/AFP
Le café que les femmes grillent commence à sérieusement enfumer la petite pièce fermée, mais Falmata* n’en a cure. Il a beaucoup à dire : les jeunes tombés sous les balles de la police ou de l’armée, les terres accaparées pour y construire des usines ou des immeubles dans lesquels il ne mettra jamais les pieds, les votes confisqués lors des dernières élections nationales en 2015. Et, surtout, la corruption. « Tout ce qu’on demande, c’est la liberté », répète le jeune ingénieur, sans laisser ses deux amis en placer une. Falmata poursuit. Il a le temps, aucun client ne viendra le déranger aujourd’hui.
 
Dehors, la rue est calme. Depuis trois jours, Burayu, un bourg à une dizaine de kilomètres à l’ouest d’Addis-Abeba, se cache derrière les devantures fermées de ses échoppes. Aucun chauffeur de bus ne veut se risquer sur la route et la plupart des gens refusent de s’exprimer. Même les bouchers sont restés chez eux. Jamais Burayu, où la viande est moins chère que dans la capitale, n’a été aussi calme à la veille du Nouvel An éthiopien, ce dimanche 11 septembre, et de la fête musulmane de l’Aïd Al-Adha, le lendemain.
 
« Partage des richesses »
 
Ce matin, certains magasins ont rouvert : la police est passée plus tôt les menacer de mettre fin à cette grève du commerce. La région Oromia, la plus vaste du pays et terre du tiers de la population éthiopienne, veut prendre le gouvernement central au portefeuille. Etrangler sa croissance économique tant célébrée à la télévision nationale : 10 % entre 2003 et 2014, ce n’est pas rien. « Le développement, c’est bien, admet Falmata, mais pour ce qui est du partage des richesses, c’est injuste. »
Depuis près d’un an, l’Ethiopie tremble. Dans les campagnes, mais aussi les grandes villes Oromo, les manifestations se succèdent, souvent réprimées à balles réelles par les forces de l’ordre. En août, la région Amhara, dans le nord s’est enflammée à son tour, pour une affaire de district situé dans la région voisine que les Amhara aimeraient voir revenir dans leur giron. Le premier ministre a envoyé l’armée. D’après Human Rights Watch, qui n’a aucun correspondant en Ethiopie, la répression des manifestations aurait déjà causé la mort de 500 personnes et l’emprisonnement de milliers d’autres.
 
 
Le 5 septembre, l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Samantha Power, s’est inquiétée de « l’usage excessif de la force » par les autorités éthiopiennes. Quelques jours plus tôt, la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma publiait un communiqué dans lequel elle appelait timidement « au dialogue ».
Ces déclarations suivaient un événement marquant. Le 29 août, aux environs de Bahir Dar, la capitale Amhara, la foule s’en est pris à un symbole de la « renaissance » éthiopienne : les investissements étrangers. Sept fermes horticoles – néerlandaises, italienne, israélienne, belge et indienne – ont été attaquées. Celle de la multinationale Esmeralda Farms, basée aux Pays-Bas, est « partie en fumée », d’après un communiqué de l’entreprise, qui y avait investi 10 millions d’euros. Le 6 septembre, Esmeralda Farms annonçait son retrait de l’Ethiopie. « C’était le pays le plus stable d’Afrique », conclut le communiqué.
 
Annulation sur annulation
 
C’était ? Addis-Abeba a pourtant tout misé sur sa stabilité, au cœur d’une corne de l’Afrique minée par des conflits armés, pour s’assurer le soutien des Occidentaux et attirer les investisseurs. Le discours se fissure au fil des troubles que connaît le pays. Avec des conséquences directes : les professionnels du tourisme enregistrent annulation sur annulation, les entreprises étrangères présentes en Ethiopie restent prudentes, celles qui s’y intéressent patientent. Les ambassades relaient le message aux autorités éthiopiennes, conscientes du problème mais, pour l’heure, plutôt enclines à mater les mécontents. Un Européen travaillant pour une ferme horticole tranche : « Si c’était à refaire, je ne viendrais pas. » Maintes fois sollicitée pour une interview, l’Ethiopian Investment Commission, qui accueille les investisseurs étrangers, louvoie. Le modèle de développement éthiopien, dirigiste et centralisé, a-t-il atteint ses limites ?
 
 
Négatif, répond Harry Verhoven, de l’université de Georgetown (Washington D. C.). D’abord parce que la venue des investisseurs étrangers est la conséquence de la croissance plus que son moteur. Ensuite parce que « beaucoup d’Amhara et d’Oromo, qui peuvent avoir de la sympathie pour les griefs des manifestants, ont trop à perdre économiquement » pour laisser le pays s’enfoncer dans le chaos, argumente le chercheur. Et puis la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (EPRDF), a encore une marge de manœuvre : « Le parti peut encore mener des réformes. Il sera inévitable pour le gouvernement de sacrifier un certain nombre de personnalités haut placées, analyse Harry Verhoven. Ce sera embarrassant, douloureux et difficile mais, pour apaiser le public et donner un exemple au sein de la hiérarchie bureaucratique, il faudra se séparer de ceux qui se sont ouvertement mouillés dans la corruption et ont manipulé le système. »
 
Profondes réformes
 
Les réformes devront être profondes. Malgré son image de champion de la croissance africaine, l’Ethiopie occupe le bas du classement des pays où il fait bon investir : 146e sur 185, d’après l’index Doing Business de la Banque mondiale. Le pays dégringole au 176e rang lorsqu’il s’agit d’y lancer une affaire. A bien des égards, l’Ethiopie fait mieux que beaucoup de pays d’Afrique sub-saharienne, mais sa bureaucratie peut en effrayer plus d’un.
 
 
Son système bancaire aussi, avec sa gestion arbitraire des réserves nationales en devises étrangères. Un grossiste témoigne : « Pour avoir des dollars qui me permettraient d’importer, je dois attendre que mon nom remonte sur la liste des demandeurs de la Banque centrale. Mais la priorité est donnée à certaines industries, aux importateurs de ciment par exemple. » Lui n’a rien importé depuis des mois.
 
Dans son dernier rapport, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance économique éthiopienne à 4,5 % cette année, moitié moins qu’en 2015. La sécheresse causée par le phénomène météorologique El Nino y est pour beaucoup. La Banque mondiale se montre quant à elle plus confiante avec une prévision de croissance de 7,1 %. Des chiffres qui, pour beaucoup d’Ethiopiens, ont bien peu de valeur.
 
* Le prénom a été changé.
 

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches

Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches
Mar 24 Mar 2020 | dans Culture

Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.   Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou simplement « Manu ». ... Lire la suite >

RDC: l'ex-ministre de la Santé Oly Ilunga condamné pour détournement de fonds

RDC: l'ex-ministre de la Santé Oly Ilunga condamné pour détournement de fonds
Mar 24 Mar 2020 | Source : rfi.fr ... | dans Autres Actus

En République démocratique du Congo (RDC), l’ancien ministre de la Santé Oly Ilunga Kalenga et son ancien conseiller financier Ezechiel Mbuyi Mwasa ont été condamnés ce lundi 23 mars à cinq ans de travaux forcés pour le détournement... Lire la suite >

Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »

Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »
Mar 04 Février 2020 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Pour Elie Tenenbaum, chercheur à l’IFRI, Washington est moins préoccupé par la menace terroriste que par la présence de la Chine et de la Russie sur le continent.   La ministre française des armées, Florence Parly, a annoncé dimanche... Lire la suite >

Ces millions de dollars que la Libye perd du fait des blocus pétroliers

Ces millions de dollars que la Libye perd du fait des blocus pétroliers
Mar 04 Février 2020 | Source : lepoint.fr ... | dans Economie

PERTE. Fermeture des champs pétrolifères et blocus des ports ont entraîné une perte de plus de 560 millions de dollars, selon la National Oil Corporation.   Au-delà des graves conséquences sur la vie des Libyens, la guerre qui sévit dans... Lire la suite >

L'enlisement français au Sahel questionné

L'enlisement français au Sahel questionné
Ven 24 Jan 2020 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Les mesures annoncées lors du sommet de Pau autour du G5 Sahel suffiront-elles à ramener la paix dans la région ? Éléments de réponse.     Lors du sommet qui s'est tenu à Pau le 13 janvier 2020, date du septième... Lire la suite >

« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »

« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »
Ven 24 Jan 2020 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Titinga Frédéric Pacéré est l’un des premiers signataires de « l’Appel de Manega » pour « la paix et la réconciliation » d’un pays durement frappé par les violences djihadistes.     Un dicton... Lire la suite >

Cameroun : Paul Biya reprend l'initiative en libérant le chef de l'opposition

Cameroun : Paul Biya reprend l'initiative en libérant le chef de l'opposition
Dim 06 Oct 2019 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Après avoir fait preuve d'intransigeance, le chef de l'État, qui vient d'ordonner la libération de son principal opposant Maurice Kamto et de ses partisans, ainsi que celles de détenus liés à la crise anglophone, semble jouer l'apaisement.   En... Lire la suite >

Le Burkina Faso au bord de l’effondrement

Le Burkina Faso au bord de l’effondrement
Dim 06 Oct 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

Une grande partie du territoire échappe désormais au contrôle de Ouagadougou qui commence à peine à sortir du déni face à la multiplication des attaques des groupes armés et des milices dites « d’autodéfense ».   Il... Lire la suite >

Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme

Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme
Dim 15 Sep 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

L’Afrique fait sa rentrée (4). Depuis 2014, le pays est touché par des attaques de plus en plus nombreuses et meurtrières qui ont mis au chômage forcé plus de 9 000 professeurs.     Un petit cahier rouge est posé à côté... Lire la suite >

Affaire des 15 millions de dollars en RDC: malaise à la présidence

Affaire des 15 millions de dollars en RDC: malaise à la présidence
Dim 15 Sep 2019 | Source : RFI Afrique ... | dans Economie

C’est un pavé dans la mare de la rentrée politique congolaise. Depuis plusieurs semaines, l’affaire dite des « 15 millions » de dollars présumés disparus des comptes du Trésor défraie la chronique en RDC et éclabousse la présidence... Lire la suite >

Burkina : Diendéré et Bassolé, le sabre et le velours de Compaoré

Burkina : Diendéré et Bassolé, le sabre et le velours de Compaoré
Mar 03 Sep 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

L'un a servi dans les armes, l'autre dans la diplomatie : condamnés respectivement lundi à 20 et 10 ans de prison au terme du procès du putsch raté de 2015 au Burkina Faso, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, généraux aux personnalités... Lire la suite >

Afrique du Sud: la fièvre xénophobe sème le chaos à Johannesburg

Afrique du Sud: la fièvre xénophobe sème le chaos à Johannesburg
Mar 03 Sep 2019 | Source : RFI Afrique ... | dans Société

En Afrique du Sud, ces dernières heures ont été marquées par la violence contre les ressortissants étrangers (africains). Depuis dimanche 1er septembre, des centaines de magasins ont été vandalisés et on compte trois morts, selon autorités... Lire la suite >

Gabon - Demande d'expertise médicale : un peu d'air pour Ali Bongo

Gabon - Demande d'expertise médicale : un peu d'air pour Ali Bongo
Ven 23 Aoû 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

La juge chargée d'examiner la demande d'expertise médicale formulée par l'opposition gabonaise pour évaluer la capacité du président Ali Bongo à gouverner après son AVC a été suspendue de ses fonctions.   Paulette... Lire la suite >

Au Burkina Faso, l’armée démunie face au péril djihadiste

Au Burkina Faso, l’armée démunie face au péril djihadiste
Ven 23 Aoû 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Selon le dernier bilan, 24 militaires ont péri, lundi, dans une attaque perpétrée contre une caserne dans la province du Soum.   L’armée du Burkina Faso a connu, lundi 19 août, sa journée la plus noire depuis que ce pays d’Afrique ... Lire la suite >

Gouvernement nigérian: on prend les mêmes et on recommence

Gouvernement nigérian: on prend les mêmes et on recommence
Lun 05 Aoû 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Le président nigérian Muhammadu Buhari, élu à 76 ans pour un second mandat en février, n'a toujours pas de gouvernement, mais les noms qu'il a soumis au Parlement pour approbation la semaine dernière suscitent déjà la polémique.   Ainsi... Lire la suite >

Du franc CFA à l'éco: l'avenir incertain de la future monnaie ouest-africaine

Du franc CFA à l'éco: l'avenir incertain de la future monnaie ouest-africaine
Lun 05 Aoû 2019 | dans Economie

En théorie, la nouvelle monnaie de la Cédéao, baptisée éco, doit entrer en circulation en 2020. Mais c’est sans compter les difficultés inhérentes à sa mise en place, et aussi les réticences de certains pays de l’UEMOA à... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS