NewAstv, plus qu'un médium, un compagnon
New AsTV: Une bonne communication grâce au professionnalisme d'une équipe
New AsTV: Vous y êtes, ne naviguez plus
New AsTV pour mieux communiquer en diplomatie
New AsTV: Savourez votre plaisir à communiquer
New AsTV: Ne vous en laissez pas compter
New AsTV: Vous êtes au cœur de l'événement
New AsTV, et la coopération bilatérale devient facteur de développement des peuples
New AsTV: Notre concept, la communication en partage
New AsTV: Partenaire au développement culturel africain

ENTRETIEN / Côte d’Ivoire : « Ce qui a fait chuter les cours du cacao, c’est la spéculation »


ENTRETIEN / Côte d’Ivoire : « Ce qui a fait chuter les cours du cacao, c’est la spéculation »
Au port d’Abidjan, en 2011. | PHOTO: ISSOUF SANOGO/AFP
Les prix ont baissé de 30 % depuis juillet 2016. Mais Youssouf Carius, directeur du fonds Pulsar Partners, se dit confiant, car la demande reste soutenue.
 
 
Un nuage de plus sur l’économie ivoirienne. Après un début d’année marqué par des mutineries de soldats et des grèves de fonctionnaires, les autorités ivoiriennes doivent gérer une chute violente des cours du cacao. Depuis juillet, les prix de cette fève qui représente 15 % du PIB ivoirien ont baissé de plus de 30 % sur les marchés internationaux.
 
En conséquence, pour la campagne intermédiaire qui a commencé début avril, le Conseil café-cacao (CCC), qui est chargé de réguler la filière, a annoncé aux planteurs que leurs fèves ne seraient achetées que 700 francs CFA le kilo (1,07 euro), au lieu de 1 100 francs CFA lors de la récolte précédente.
 
Youssouf Carius, directeur général de Pulsar Partners, un fond d’investissement présent en Côte d’Ivoire, décrypte pour Le Monde Afrique les raisons de cette chute des cours du cacao et ses implications locales.
 
 
Pourquoi les cours du cacao se sont-ils effondrés de plus de 30 % depuis juillet 2016 ?
 
Youssouf Carius Il existe plusieurs opinions sur le sujet. Je pense que structurellement, quand on regarde l’offre et la demande, le marché du cacao n’était pas censé dévisser. Ce qui a fait chuter brutalement les cours, c’est la spéculation.
On a connu pendant trois ou quatre ans une accalmie sur les matières premières agro-industrielles. Rares étaient celles dont les prix se maintenaient à la hausse. Par exemple, ces quatre dernières années, les prix de l’huile de palme, du coton et de bien d’autres matières premières très échangées en Afrique étaient très bas. La seule valeur refuge pour les fonds spéculatifs qui investissent dans le domaine des agro-industries, c’était le cacao, avec aussi quelques marchés de niche. Cela a maintenu le cours du cacao très haut pendant les quatre dernières années.
 
Aujourd’hui, il y a beaucoup de matières premières comme le café, l’anacarde, le coton, qui repartent à la hausse, si bien que les fonds spéculatifs sont en train de se désengager du cacao. Ce qui pose problème, c’est la logique spéculative. Il y a deux ans, une étude montrait qu’environ 30 % des transactions qui s’exécutent sur le cacao étaient le fait de fonds d’investissement et non de professionnels du secteur.
 
Mais en augmentant sa production d’une année à l’autre, la Côte d’Ivoire n’a-t-elle pas généré une crise de surproduction ?
 
Je ne le pense pas. Quand on regarde la production et la demande, on est encore en situation de pénurie. La demande de chocolat reste soutenue. La production mondiale, et notamment ivoirienne, reste faible par rapport à la demande potentielle sur le chocolat et les produits dérivés du cacao. Structurellement, ce marché se porte bien car la demande asiatique, qui n’est pas encore couverte, se développe, et la demande africaine également.
 
 
Il n’y a aucune raison structurelle pour que ce marché dégringole. Ce qui le fait chuter, c’est l’ensemble des transactions complexes qui s’exécutent derrière les transactions physiques. Une fève de cacao qui est vendue physiquement à partir du port d’Abidjan, c’est-à-dire sur le marché de vente à terme en Côte d’Ivoire, peut représenter une bonne soixantaine de transactions sur les marchés internationaux.
 
Pour la campagne intermédiaire qui débute, le prix garanti aux planteurs a baissé de 36 %. Doit-on considérer cela comme un échec de la réforme mise en place par le président Alassane Ouattara, en 2012, qui a réintroduit une certaine régulation de la filière pour préserver les planteurs des fluctuations du marché ?
 
Je pense que c’est encore prématuré pour le dire. Le modèle qui a été mis en place en Côte d’Ivoire a pour objectif de faire gagner aux planteurs environ 60 % du prix du cacao sur les marchés internationaux. Aujourd’hui, les prix sont revenus à leur niveau de 2011 et à l’époque, les planteurs s’en contentaient. On a connu une période de prix à la hausse du fait du marché, mais là, ce qui choque les planteurs, c’est la baisse. Nous sommes sur une matière dont les cours fluctuent et l’important, pour les planteurs comme pour les intermédiaires, est de construire des stratégies qui permettent d’absorber les périodes de choc.
 
Le rôle des acheteurs locaux, qui ont continué à spéculer à la hausse et se sont finalement retrouvés incapables de payer les producteurs quand les cours se sont retournés, a été pointé du doigt. Sont-ils réellement responsables de la situation actuelle, qui aurait déjà causé une perte de près de 300 millions d’euros à l’Etat ivoirien ?
 
Je ne suis pas sûr qu’ils soient les responsables de cette crise. Il y a eu des petits exportateurs locaux qui ont eu des défauts de paiement sur leurs contrats, mais, selon moi, cela est marginal, car ils ne représentent pas des volumes importants sur le marché ivoirien et demain ils verront certainement leur agrément retiré. A mon avis, ce qui a surtout fait défaut, ce sont les capacités de contrôle, et notamment la capacité du CCC à faire respecter les prix bord-champ [les prix payés aux planteurs].
 
Le CCC n’a donc pas rempli son rôle de protection des planteurs ?
 
On peut jeter la pierre aux fonds spéculatifs, mais ils sont dans leur rôle. Leur vocation est de tirer des rendements dans une stratégie d’investissement. Le modèle mis en place par le CCC permet théoriquement, à travers une caisse de stabilisation, d’amortir les chocs.
 
« On peut jeter la pierre aux fonds spéculatifs, mais ils sont dans leur rôle »
 
Par exemple, sur la campagne précédente, le prix aux planteurs avait été fixé à 1 100 francs CFA. Il y a eu un choc sur le marché avant la fin de la campagne et c’est donc à la caisse de stabilisation du CCC de combler cette différence auprès des planteurs. Maintenant, la vraie question : cette caisse est-elle réellement capable d’absorber le choc actuel ? Je ne le sais pas et je ne crois pas que le CCC ait intérêt à communiquer sur ces questions-là, car le marché pourrait sanctionner, négativement ou positivement, ses prises de parole.
 
En février, les autorités ivoiriennes ont annoncé un audit du système de commercialisation du CCC. Cela signifie donc que la filière demeure opaque ?
 
Je ne suis pas sûr que ce système doive être totalement transparent. La Côte d’Ivoire maîtrise entre 35 % et 40 % de la production mondiale. Si le CCC était totalement transparent sur les prévisions de production et sur ce qui se passe sur les marchés à terme, les marchés internationaux sanctionneraient. Quand on a l’avantage de contrôler une bonne partie de la production mondiale, il faut en jouer stratégiquement. La transparence totale vis-à-vis des marchés, intérieur et international, n’est pas forcément à l’avantage du pays. Autour du cacao, il y a 6 millions de personnes qui vivent en Côte d’Ivoire. L’impact social peut donc être très important.
 
 
En revanche, l’audit était nécessaire car on sait que sur le terrain, le CCC rencontre des problèmes dans le contrôle des prix. Certains opérateurs ne respectent pas les prix bord-champ, qui sont fixés par décret. Il faut donc que l’instance de régulation puisse détecter et éventuellement sanctionner les opérateurs qui se mettent hors-la-loi. Cette capacité opérationnelle aujourd’hui fait défaut. Les audits sont en cours pour répondre à ces problèmes, mais aussi pour tester la capacité du modèle à absorber les niveaux de choc que connaît le marché.
 
Après l’annonce d’une chute de 36 % du prix bord-champ, n’y a t-il pas un risque de voir une bonne partie des planteurs ivoiriens aller écouler leur récolte au Ghana, où ils pourraient en tirer un meilleur prix ?
 
Ce risque existe. On a vu déjà lors de campagnes précédentes une partie de la production passer frauduleusement la frontière.
 
Pourquoi la Côte d’Ivoire et le Ghana, qui contrôlent ensemble 60 % de la production mondiale de fèves, ne sont-ils pas en mesure de s’entendre pour être moins soumis aux fluctuations des cours mondiaux ?
 
Il y a déjà des ententes tacites. Les modèles ghanéen et ivoirien se ressemblent beaucoup car il y a eu énormément d’échanges entre les deux pays. Après, il est vrai qu’il n’y a pas d’organisation formelle. Je pense qu’il serait intéressant de construire une plateforme sur un modèle un peu semblable à l’OPEP [Organisation des pays exportateurs de pétrole]. On en parle beaucoup dans les couloirs, mais je ne sais pas si, au plus haut niveau de l’Etat, il existe cette volonté.
 

 Commentaires

LIRE AUSSI...

Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches

Le saxophoniste Manu Dibango est mort des suites du Covid-19, annoncent ses proches
Mar 24 Mar 2020 | dans Culture

Le 18 mars, un communiqué publié sur sa page Facebook annonçait son hospitalisation, à la suite d’une infection par le coronavirus.   Ses fans l’appelaient « Papa Manu », « Le Doyen » ou simplement « Manu ». ... Lire la suite >

RDC: l'ex-ministre de la Santé Oly Ilunga condamné pour détournement de fonds

RDC: l'ex-ministre de la Santé Oly Ilunga condamné pour détournement de fonds
Mar 24 Mar 2020 | Source : rfi.fr ... | dans Autres Actus

En République démocratique du Congo (RDC), l’ancien ministre de la Santé Oly Ilunga Kalenga et son ancien conseiller financier Ezechiel Mbuyi Mwasa ont été condamnés ce lundi 23 mars à cinq ans de travaux forcés pour le détournement... Lire la suite >

Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »

Lutte contre le terrorisme en Afrique : « La France et les Etats-Unis sont de moins en moins alignés »
Mar 04 Février 2020 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Pour Elie Tenenbaum, chercheur à l’IFRI, Washington est moins préoccupé par la menace terroriste que par la présence de la Chine et de la Russie sur le continent.   La ministre française des armées, Florence Parly, a annoncé dimanche... Lire la suite >

Ces millions de dollars que la Libye perd du fait des blocus pétroliers

Ces millions de dollars que la Libye perd du fait des blocus pétroliers
Mar 04 Février 2020 | Source : lepoint.fr ... | dans Economie

PERTE. Fermeture des champs pétrolifères et blocus des ports ont entraîné une perte de plus de 560 millions de dollars, selon la National Oil Corporation.   Au-delà des graves conséquences sur la vie des Libyens, la guerre qui sévit dans... Lire la suite >

L'enlisement français au Sahel questionné

L'enlisement français au Sahel questionné
Ven 24 Jan 2020 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Les mesures annoncées lors du sommet de Pau autour du G5 Sahel suffiront-elles à ramener la paix dans la région ? Éléments de réponse.     Lors du sommet qui s'est tenu à Pau le 13 janvier 2020, date du septième... Lire la suite >

« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »

« Au Burkina, la chefferie traditionnelle peut restaurer le dialogue et la cohésion sociale »
Ven 24 Jan 2020 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Titinga Frédéric Pacéré est l’un des premiers signataires de « l’Appel de Manega » pour « la paix et la réconciliation » d’un pays durement frappé par les violences djihadistes.     Un dicton... Lire la suite >

Cameroun : Paul Biya reprend l'initiative en libérant le chef de l'opposition

Cameroun : Paul Biya reprend l'initiative en libérant le chef de l'opposition
Dim 06 Oct 2019 | Source : lepoint.fr ... | dans Autres Actus

ANALYSE. Après avoir fait preuve d'intransigeance, le chef de l'État, qui vient d'ordonner la libération de son principal opposant Maurice Kamto et de ses partisans, ainsi que celles de détenus liés à la crise anglophone, semble jouer l'apaisement.   En... Lire la suite >

Le Burkina Faso au bord de l’effondrement

Le Burkina Faso au bord de l’effondrement
Dim 06 Oct 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

Une grande partie du territoire échappe désormais au contrôle de Ouagadougou qui commence à peine à sortir du déni face à la multiplication des attaques des groupes armés et des milices dites « d’autodéfense ».   Il... Lire la suite >

Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme

Au Burkina Faso, des milliers d’écoles privées de rentrée à cause du terrorisme
Dim 15 Sep 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Société

L’Afrique fait sa rentrée (4). Depuis 2014, le pays est touché par des attaques de plus en plus nombreuses et meurtrières qui ont mis au chômage forcé plus de 9 000 professeurs.     Un petit cahier rouge est posé à côté... Lire la suite >

Affaire des 15 millions de dollars en RDC: malaise à la présidence

Affaire des 15 millions de dollars en RDC: malaise à la présidence
Dim 15 Sep 2019 | Source : RFI Afrique ... | dans Economie

C’est un pavé dans la mare de la rentrée politique congolaise. Depuis plusieurs semaines, l’affaire dite des « 15 millions » de dollars présumés disparus des comptes du Trésor défraie la chronique en RDC et éclabousse la présidence... Lire la suite >

Burkina : Diendéré et Bassolé, le sabre et le velours de Compaoré

Burkina : Diendéré et Bassolé, le sabre et le velours de Compaoré
Mar 03 Sep 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

L'un a servi dans les armes, l'autre dans la diplomatie : condamnés respectivement lundi à 20 et 10 ans de prison au terme du procès du putsch raté de 2015 au Burkina Faso, Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, généraux aux personnalités... Lire la suite >

Afrique du Sud: la fièvre xénophobe sème le chaos à Johannesburg

Afrique du Sud: la fièvre xénophobe sème le chaos à Johannesburg
Mar 03 Sep 2019 | Source : RFI Afrique ... | dans Société

En Afrique du Sud, ces dernières heures ont été marquées par la violence contre les ressortissants étrangers (africains). Depuis dimanche 1er septembre, des centaines de magasins ont été vandalisés et on compte trois morts, selon autorités... Lire la suite >

Gabon - Demande d'expertise médicale : un peu d'air pour Ali Bongo

Gabon - Demande d'expertise médicale : un peu d'air pour Ali Bongo
Ven 23 Aoû 2019 | Source : afrique.lepoint.fr ... | dans Autres Actus

La juge chargée d'examiner la demande d'expertise médicale formulée par l'opposition gabonaise pour évaluer la capacité du président Ali Bongo à gouverner après son AVC a été suspendue de ses fonctions.   Paulette... Lire la suite >

Au Burkina Faso, l’armée démunie face au péril djihadiste

Au Burkina Faso, l’armée démunie face au péril djihadiste
Ven 23 Aoû 2019 | Source : lemonde.fr ... | dans Autres Actus

Selon le dernier bilan, 24 militaires ont péri, lundi, dans une attaque perpétrée contre une caserne dans la province du Soum.   L’armée du Burkina Faso a connu, lundi 19 août, sa journée la plus noire depuis que ce pays d’Afrique ... Lire la suite >

Gouvernement nigérian: on prend les mêmes et on recommence

Gouvernement nigérian: on prend les mêmes et on recommence
Lun 05 Aoû 2019 | Source : slateafrique.com ... | dans Autres Actus

Le président nigérian Muhammadu Buhari, élu à 76 ans pour un second mandat en février, n'a toujours pas de gouvernement, mais les noms qu'il a soumis au Parlement pour approbation la semaine dernière suscitent déjà la polémique.   Ainsi... Lire la suite >

Du franc CFA à l'éco: l'avenir incertain de la future monnaie ouest-africaine

Du franc CFA à l'éco: l'avenir incertain de la future monnaie ouest-africaine
Lun 05 Aoû 2019 | dans Economie

En théorie, la nouvelle monnaie de la Cédéao, baptisée éco, doit entrer en circulation en 2020. Mais c’est sans compter les difficultés inhérentes à sa mise en place, et aussi les réticences de certains pays de l’UEMOA à... Lire la suite >

Vidéo à ne pas rater

Election au PDCI-RDA/ L?appel de Dimbokro
Ven 22 Déc 2023 | dans: Objectif Développement

Nos Partenaires

NOUS SUIVRE

Qui Sommes-Nous?

New AsTV Le développement par la coopération   Servir de canal numérique au développement de l'Afrique par la coopération. Telle est la vision de New AsTV. De fait, nous nous sommes laissés guider par les relations que l'Afrique...

Lire plus

Contacts

Newsletter

FLASH INFOS