En remportant à l'arrachée l'élection présidentielle, Dilma Rousseff a réussi un tour de force. Les Brésiliens souhaitaient majoritairement un changement à la tête du pays, mais ils ont réélu la présidente sortante.
Tout au long de sa campagne, elle n'a cessé d'être bousculée : par des scandales de corruption touchant son parti, le PT, par la candidature surprise de Marina Silva (Parti socialiste brésilien) qui fût donnée un temps en tête des sondages, puis par Aecio Neves (Parti social-démocrate brésilien) qui espérait pouvoir incarner l'alternative attendue par la population.
Comment est-elle parvenue à la victoire ? Réponse de Stéphane Monclaire, maître de conférences à l'université de Paris 1, politologue, spécialiste du Brésil.
Dilma Rousseff a remporté l'élection d'une courte tête alors qu'elle partait avec une forte avance ? Pourquoi ce décalage ?
- Il aurait fallu qu'elle fasse une très mauvaise campagne pour perdre ! Mais contrairement à ce qui était prévisible, la campagne n'a pas été une promenade de santé. Si en matière sociale, elle peut se vanter de quelques succès, son bilan économique n'est pas fameux.
Et surtout, l'opinion est extrêmement clivée, du jamais-vu dans l'histoire électorale brésilienne depuis 1985. Plus on est pauvre, plus on a eu tendance à voter Dilma Rousseff et inversement, moins on est pauvre, plus on a eu tendance à voter Aecio Neves. Ce sont deux poids sensiblement équivalent que tout oppose : les valeurs sociales, le niveau d'instruction, les revenus, les ambitions.
Ces groupes n'arrivent même pas à se comprendre ! Les couches moyennes intermédiaires n'ont pas assez de compassion pour le reste des populations et les regardent comme des gêneurs. Et ces derniers ne comprennent pas ce qu'est l'intérêt général, ne voient guère au-delà de leur frontière sociale, de sorte qu'ils s'illusionnent sur les réalités économiques du pays. Ce clivage flagrant a pesé dans l'élection. De manière délibérée, l'équipe de Dilma Rousseff a tout misé sur l'appui des couches populaires et des couches moyennes basses. Par conséquent, son parti, le PT a perdu dans ses implantations historiques : les banlieues de San Paulo et la région du Rio Grande.
La présidente élue a été fortement bousculée. Comment a-t-elle surmonté les obstacles ?
- Elle disposait de tous les atouts des présidents en exercice. Comme les deux présidents précédents, Fernando Henrique Cardoso et Luis Ignacio Lula, elle s'est assurée un second mandat. Elle avait la visibilité d'un président et pouvait exhiber à l'opinion publique, contrairement à ces rivaux, ses principales réalisations. Aecio Neves, lui n'a été que gouverneur d'un Etat et c'était il y a un quatre ans...
Elle avait pour elle une machine électorale efficace, le PT. Certes, il y a moins de militants qu'avant, ils sont moins actifs, moins dévolus au parti, mais ils sont nombreux. Elle a un groupe de communicants exceptionnels, qui a beaucoup investi les réseaux sociaux, souvent avec beaucoup d'humour et ciblé les populations jeunes. Son conseiller en communication, Joao Santan, une sorte de gourou, a fabriqué des spots électoraux de nature hollywoodienne, grâce à des moyens financiers colossaux. Avec un art du slogan, un choix des mots, une composition des images très professionnels. On a vendu un mythe. C'est cynique mais très efficace du point de vue visuel.
Par ailleurs au sein du PT, de nombreux jeunes férus d'informatique et d'arts graphiques, ont fabriqué des spots de campagne balancés très vite sur les réseaux sociaux. Leurs messages ont circulé à toutes vapeurs parmi la population, beaucoup plus abondamment et plus vite que ceux d'Aecio Neves. Cela a été un atout pour mobiliser l'électorat jeune, qui avait été séduit en partie par Marina Silva.
Enfin, Dilma Rousseff a bénéficié du ton très agressif d'Aecio Neves, dans l'entre-deux tours. Au point que Dilma Rousseff a fait un malaise lors d'un débat télévisé. Les enquêtes d'opinion au lendemain de cet incident ont révélé une certaine empathie pour la présidente sortante, surtout chez une partie de l'électorat féminin à l'intérieur des couches moyennes intermédiaires. Elle a perdu quelques points à la toute fin de la campagne en raison d'un article de l'hebdomadaire conservateur "Veja", qui accusait Dilma Rousseff et Lula d'avoir été au courant d'un financement occulte du PT.
Dilma Rousseff a promis de réconcilier un pays divisé, a donné des gages sur l'économie et la corruption. A-t-elle une chance d'y arriver ?
- A trop délaisser les autres couches de la population, elle a pris des risques. La popularité de Dilma Rousseff risque de chuter rapidement dans les mois à venir tant le Brésil est confronté à des difficultés économiques qui vont avoir un impact social important. Sans croissance, sans possibilité d'augmenter le salaire minimum et sans possibilité de lancer des programmes sociaux d'envergure, les inégalités sociales vont se creuser. Cela va avoir un impact dans la vie quotidienne de dizaines de milliers de Brésiliens. Les soutiens de Dilma Rousseff seront ceux qui seront le plus touchés par la vague de chômage qui arrive.
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