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« Ils criaient qu’ils ne voulaient plus d’étrangers ici »


« Ils criaient qu’ils ne voulaient plus d’étrangers ici »
Lors des violences contre les immigrés à Johannesburg, le 17 avril. | PHOTO: Siphiwe Sibeko / Reuters / REUTERS
Dimanche matin, les habitués ne peuvent toujours pas pénétrer dans le magasin. Sur le pas de la porte, ils doivent tendre leurs bras à travers un grillage en fer, glisser quelques pièces ou un billet dans la main de Rafiq Mohammed avant de le voir revenir avec deux cigarettes ou un coupon de crédit téléphone.
 
Dans le township d’Alexandra, au nord de Johannesburg, ce commerçant bangladais n’a pas été réveillé pendant la nuit. Pas de coup de fil de l’un des gardes de sécurité qu’il avait payé pour surveiller de près son échoppe. Elle n’a pas été attaquée. Mais le patron préfère rester prudent. Comme dans le reste du pays, secoué depuis trois semaines par des violences xénophobes dans des quartiers pauvres sud-africains, la nuit a été calme dans cette banlieue de la plus grande ville du pays.
 
Ici s’entassent 400 000 personnes dans des baraquements en dur ou en tôle, souvent d’une seule pièce. Vers 21 heures samedi 18 avril, quelques voitures de police stationnaient dans une rue déserte, à proximité de la boutique de Rafiq Mohammed, là où une vingtaine de petits commerces, tous tenus par des étrangers, avaient été pillés la veille par des habitants.
 
« Je continue d’avoir peur »
 
« J’ai réussi à faire protéger ma boutique mais je continue d’avoir peur, confie Rafiq Mohammed. Je vis depuis douze ans à Alex, mais si on me prend tout, je devrais rentrer au Bangladesh. Les gens ne comprennent pas que nous avons été obligés de venir jusqu’en Afrique du Sud car nous étions pauvres, et nous avons travaillé dur pour en arriver là. »
 
Un habitant sud-africain lui met la main sur les épaules, et lui glisse : « Ne vous inquiétez pas, nous sommes nombreux à être avec vous. » Fuyant les violences politiques en Ethiopie, Kedilo Abda est arrivé à Johannesburg il y a cinq ans. Lui n’a pas eu la chance de son ami. Selon un témoin, il était près de 20 h 30 vendredi lorsqu’un groupe « de 70 à 80 personnes venant des foyers de travailleurs voisins, essentiellement des Zoulous » est arrivé dans la rue.
Un certain degré d’organisation était semble-t-il à l’œuvre puisque Kedilo Abda avait eu écho plus tôt dans la journée que des boutiques d’étrangers seraient attaquées le soir même. « Ils criaient qu’ils ne voulaient plus d’étrangers ici, alors je me suis réfugié à l’arrière de ma petite épicerie dans la cour, raconte l’épicier éthiopien. J’ai appelé la police pour lui dire de venir protéger mon magasin, mais elle n’est jamais venue. »
 
« Ils viennent vous piller »
 
Dans la rue, des échoppes d’étrangers sont attaquées et pillées les unes après les autres. Les rangs du groupe ne cessent de grossir. On compte jusqu’à 300 à 400 personnes. Des habitants se pressent, attirés par l’opportunité de se servir sur les étals sans avoir à passer par la caisse. Le mot d’ordre xénophobe sert alors tout simplement à voler. « Le jour, ces gens vous saluent, vous demandent comment ça va, comme le font n’importe quels voisins, puis à la nuit tombée, ils viennent vous piller… », s’étonne Kedilo Abda.
Sa boutique sera la dernière cible de la soirée. Vers 1 h 30, les assaillants coupent le cadenas et ouvrent le rideau métallique. « C’était fini, alors je me suis enfui par-derrière le plus discrètement possible, raconte t-il. Il m’aurait trouvé ici, ils auraient pu me brûler vif. »
Le journal dominical sud-africain The Sunday Times affichait à la une ce 18 avril une dramatique photographie d’un Mozambicain sur le point d’être poignardé samedi dans une rue adjacente d’Alexandra, sous les yeux d’habitants statiques. Touché au cœur, il est décédé un peu plus tard à l’hôpital. Le motif du crime n’a pas été confirmé par la police, mais Emmanuel Sithole pourrait être devenu la première victime recensée des attaques xénophobes à Johannesburg. Officiellement, six autres personnes – trois étrangers et trois Sud-Africains – ont succombé lors des violences qui ont frappé la cité côtière de Durban pendant deux semaines.
 
Des cartons éventrés
 
Les associations représentant les migrants estiment que le bilan est en réalité sans doute plus lourd. Selon les Nations unies, 5 000 étrangers ont dû fuir leur domicile, certains d’entre eux se réfugiant dans des camps installés aux abords de la ville. Dans la boutique dévalisée de Kedilo Abda, il ne reste plus au sol que quelques rouleaux de papiers toilette, des cartons éventrés et une étagère vide. « Il y avait pour presque 200 000 rands de marchandises [15 000 euros], ils ont même réussi à emporter les deux gros réfrigérateurs ! », se désole-t-il.
 
L’avenir s’annonce incertain. « Si quelqu’un accepte de me faire un crédit, je vais réapprovisionner mon magasin, répond Kedilo Abda. Qu’est-ce que je peux faire d’autres ? Aller ailleurs en Afrique du Sud et ça sera de toute façon pareil ? Ou rentrer en Ethiopie et risquer de me retrouver en prison ? » Aux habitants qui accusent les étrangers d’entrer en Afrique du Sud sans papier grâce « aux frontières transformées en passoires », Kedilo Abda leur déplie son titre de séjour de réfugié politique, même s’il reconnaît que les personnes en situation illégale sont nombreuses dans le pays.
A ceux qui accusent les petits commerçants de voler le travail des locaux, Rafiq Mohammed rappelle qu’outre trois autres Bangladais et deux ressortissants du Malawi, il emploie aussi deux Sud-Africains dans sa boutique. « On dit également que les étrangers commettent des crimes, mais ce sont des généralisations sans preuve et dangereuses », dénonce un migrant éthiopien.
 
Au chômage
 
Assis à l’arrière d’un pick-up garé dans la rue où des échoppes ont été pillées, Bheki Mncube ouvre une bière entourée de ses amis. Fièrement, il annonce qu’il est un Zoulou, « à 100 % ». C’est son chef traditionnel, le roi Goodwill Zwelithini, qui avait fin mars allumé la mèche des violences xénophobes à Durban, en estimant dans un discours que les étrangers, notamment illégaux, devaient « faire leurs bagages et retourner dans leurs pays ». La communauté zouloue est la plus nombreuse en Afrique du Sud. « Le problème avec tous ces étrangers sans papier, c’est qu’ils peuvent travailler comme femmes de ménage, jardiniers, gardes de sécurité, pour beaucoup moins cher que nous, estime Bheki Mncube. Comment voulez-vous que les Sud-Africains réussissent à rivaliser ? »
Près d’un quart de la population est au chômage. Davantage si ceux qui ont renoncé à chercher un travail, sont inclus. Pour Solomon Botipe, les étrangers ne doivent pas être transformés en boucs émissaires. « La jalousie ne mène à rien, il faut aussi que mes compatriotes se prennent en main, insiste ce Sud-Africain qui loue les locaux du magasin à Kedilo Abda. Un Zimbabwéen qui achète tous ses produits en Afrique du Sud et va ensuite les revendre dans son pays, contribue à notre économie. »
De part et d’autre à Alexandra, le gouvernement de Jacob Zuma, premier président zoulou du pays élu en 2009, est pointé du doigt. Les Sud-Africains les plus déshérités critiquent la persistance de la pauvreté et des inégalités, tandis que les migrants dénoncent la réaction tardive pour mettre fin aux violences.
 
Un discours de Nelson Mandela
 
Le chef d’Etat a fini par lancer un appel au calme vendredi devant les parlementaires au Cap. Visitant samedi un camp hébergeant des immigrants chassés de chez eux à Durban, Jacob Zuma a insisté : « Ce ne sont pas tous les Sud-Africains qui disent que vous devez partir mais une très petite minorité. » « Mais qu’ont fait les autorités depuis les émeutes xénophobes de 2008 [une soixantaine de personnes avaient été tuées] pour éduquer la population ? », s’énerve Francis, un ressortissant malawite vivant à Alexandra.
A quelques mètres de lui, une sono crache dans la rue les décibels d’un remix en house music d’un discours de Nelson Mandela. Des paroles s’échappent dans le ciel du township : « Je me suis battu contre la domination blanche, je me suis battu contre la domination noire. »
 

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